Une aide bonne pour le Québec ?
L’aide d’urgence fédérale aux étudiants ne passe pas à Québec sans attirer les mêmes critiques ailleurs. Pas facile de gérer un pays aux réalités disparates.
Ce n’est pas la première ni la dernière fois que les priorités de Québec divergent en apparence avec celles d’ottawa.
Ce jeu de souque à la corde politique fait partie de L’ADN de la fédération.
Québec veut convaincre les étudiants d’aller aux champs ramasser des fraises et des bleuets. La carotte : une prime de 100 $ par semaine.
La mesure entre en contradiction avec l’aide fédérale, plaide le gouvernement Legault. « C’est sûr que ça nous bogue », résume une source caquiste.
AIDE TROP GÉNÉREUSE ?
Justin Trudeau a annoncé cette semaine une aide totale de 9 milliards $ pour les étudiants. Une partie de l’enveloppe servira à financer une aide de 1250 $ par mois.
On a grincé des dents à Québec et dans certains milieux d’affaires, qui craignent une pénurie de maind’oeuvre.
Pourquoi aller travailler quand on peut être payés à ne rien faire, disentils ?
Ceux qui refuseront de s’activer devront faire une croix sur plusieurs milliers de dollars.
Les travailleurs au salaire minimum (13,10 $/heure le 1er mai) gagnent environ 2130 $ par mois, soit environ 1000 $ de plus que le chèque du fédéral. Un montant qui n’est pas négligeable.
Le salaire minimum est d’ailleurs plus élevé dans plupart des grandes provinces. Il est de 14 $ en Ontario, 15 $ en Alberta et bientôt 14,60 $ en Colombie-britannique.
Il coûte aussi plus cher d’y vivre… et d’y étudier.
Une année au premier cycle universitaire au Québec coûte autour de 4000 $. En Ontario ? 8850 $. En Colombie-britannique ? 6700 $.
Bref, l’aide fédérale serait plus avantageuse pour les étudiants québécois.
QUELLES CONSÉQUENCES ?
Il est possible, en effet, que ceux-ci soient un peu moins motivés que leurs collègues des autres provinces lorsque le temps sera venu de se trouver un job d’été.
Il faudra voir à l’usage.
Les employeurs pourraient aussi offrir des salaires plus compétitifs.
Nous prenons aujourd’hui la mesure de l’effet repoussoir des conditions de travail dans les CHSLD.
Les provinces ont des réalités et des besoins différents. L’urgence de la situation permet difficilement d’en tenir compte. C’est là toute la difficulté du fédéral, dont les programmes d’aide constituent des solutions mur à mur.
Les critères d’admissibilité à la prestation d’urgence pour étudiants n’ont pas encore été précisés. Le diable est dans les détails.
Les milliards injectés jusqu’ici par le fédéral ne sont qu’une première étape, nous gardant la tête hors de l’eau.
Un plan de relance économique viendra plus tard. Il fera, lui aussi, des gagnants et des perdants. Dans cette crise inédite, les conséquences de nos choix collectifs sont difficiles à mesurer en temps réel.