Le Journal de Quebec

La plainte contre l’ex-juge en chef rejetée

Le candidat à la chefferie du PQ Frédéric Bastien reprochait à l’ancienne magistrate sa partialité

- ARNAUD KOENIG-SOUTIÈRE

Le Conseil canadien de la magistratu­re ne se penchera pas sur la plainte visant Nicole Duval Hesler déposée dans la foulée de la contestati­on de la loi sur la laïcité, jugeant qu’il n’a plus compétence pour trancher la question en raison du départ à la retraite de la juge en chef.

La plainte initiale avait été déposée le 28 novembre dernier par l’historien et candidat à la chefferie du Parti québécois, Frédéric Bastien. Près de cinq mois plus tard, l’organe chargé d’analyser les plaintes contre les magistrats nommés par le gouverneme­nt fédéral lui a fait parvenir une fin de non-recevoir.

La missive, datée du 21 avril, justifie que le départ à la retraite de l’ex-juge en chef Duval Hesler, le 8 avril, fait en sorte que le Conseil canadien de la magistratu­re (CCM) n’a plus l’autorité requise pour se prononcer sur le bien-fondé de la plainte.

On y écrit qu’il a été décidé « dans le passé » que la démission ou le départ à la retraite d’un juge met « un terme à la compétence » du conseil en pareille matière.

« Le juge en chef [Glenn] Joyal [qui est vice-président du comité sur la conduite des juges au CCM] conclut qu'il ne serait pas dans l'intérêt du public de poursuivre cette plainte », signifie le document, signé par l’ex-juge en chef de la Cour suprême de la Nouvelle-écosse et actuel directeur exécutif par intérim du CCM, J. Michael Macdonald.

ALLÉGATION­S DE PARTIALITÉ

M. Bastien reprochait à la juge en chef de la Cour d’appel du Québec d’avoir fait preuve de partialité durant l’audition de la contestati­on de la loi sur la laïcité. Elle était l’une des trois juges à composer le banc qui entendait le pourvoi.

La juge en chef, qui avait notamment qualifié d’« allergies visuelles » les velléités de la loi sur la laïcité, a finalement inscrit une franche dissidence dans un jugement rejetant de suspendre provisoire­ment les effets de la loi 21.

« C’est un curieux hasard. Ça a pris cinq mois avant d’avoir une réaction du CCM. Ça tombe deux semaines après que la juge a pris sa retraite. Et là on dit : “Elle a pris sa retraite et ça n’importe plus” », a réagi Frédéric Bastien en entrevue au Journal.

« Ce à quoi ça me fait penser, c’est “voilà une décision complaisan­te envers une collègue” », a-t-il ajouté.

OPPORTUNIT­É RATÉE

Selon M. Bastien, il s’agit d’une opportunit­é ratée pour préciser la portée de la liberté d’action des juges, que ce soit leur « rôle social, le genre de propos qu’ils peuvent tenir ou non, le genre d’organisati­ons devant lesquelles ils peuvent parler ou pas ».

Depuis le départ de Mme Duval Hesler, c’est la juge puînée Marie-france Bich qui assume l’intérim comme juge en chef.

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PHOTO D’ARCHIVES, BEN PELOSSE L’historien et candidat à la chefferie du Parti québécois Frédéric Bastien avait déposé une plainte contre l’ex-juge en chef à la Cour d’appel, arguant qu’elle avait fait preuve de partialité durant l’audition de la contestati­on de la loi sur la laïcité.
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Ex-juge en chef de la Cour d’appel
NICOLE DUVAL HESLER Ex-juge en chef de la Cour d’appel

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