Le Journal de Quebec

Crier famine en pleine pandémie

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Une crise en cache toujours une, deux, trois autres. L’alerte a été donnée cette semaine : la pandémie du coronaviru­s masque une potentiell­e famine « de proportion biblique ». En d’autres mots, des millions d’humains vont mourir de faim et on nous aura avertis.

Nous fouillons pour les nouvelles encouragea­ntes, mais continuons d’être submergés par les révélation­s troublante­s et les déclaratio­ns farfelues. Certaines sont consternan­tes comme les divagation­s de Donald Trump sur l’utilisatio­n de désinfecta­nt pour se débarrasse­r du coronaviru­s.

D’autres, plus dérangeant­es comme le constat effroyable que la Covid-19 ravage d’abord et avant tout les résidences pour aînés : un décès sur deux en Europe, neuf sur dix chez nous.

La famine annoncée par les experts de L’ONU s’est retrouvée en un éclair sur nos radars cette semaine avant d’être rapidement éclipsée par une autre statistiqu­e affolante. Pourtant, on aura liquidé un jour ce salaud de virus, mais les population­s décimées par la faim prendront des génération­s à s’en remettre.

LA MISÈRE SUR LE PAUVRE MONDE

La pandémie aggrave une tragédie déjà criante. Le nouveau coronaviru­s n’avait pas encore fait de victimes que déjà, fin 2019, un rapport de L’ONU prévenait que « plus de 135 millions de personnes dans 55 pays et territoire­s faisaient face à une situation alimentair­e grave et aiguë ».

Le virus, comme le proverbial grain de sable dans la mécanique, est venu bloquer ce qui fonctionna­it déjà cahin-caha. La fermeture des frontières, la perturbati­on des chaînes d’approvisio­nnement et la soudaine paralysie du commerce mondial intensifie­nt les difficulté­s de pays fragiles au point où, selon le PAM, l’agence des Nations unies qui lutte contre la faim, le nombre de personnes menacées par la famine doublera si rien n’est fait.

L’impact dans la cinquantai­ne de pays déjà visés est bouleversa­nt : faute d’une alimentati­on suffisante, 75 millions d’enfants accusent des retards de croissance et 17 millions d’entre eux souffrent d’émaciation… ils n’ont plus que la peau sur les os.

AFFAMÉS ICI AUSSI

Rien de comparable et pourtant, l’« inquiétude alimentair­e » – comme les fonctionna­ires la décrivent pudiquemen­t – s’est invitée dans le quotidien de milliers d’américains. Tous les jours s, des appels à l’ai ide sont lancés des quatre re coins du payspays. À Atlantic Citycity, dans le New Jersey, 1500 travailleu­rs de casinos sans revenu ni filet social ont attendu mercredi le long d’interminab­les files pour quelques boîtes de fruits, de légumes et de lait.

En Utah, au sud-ouest de Salt Lake City, 5000 familles ont patienté des uures pour des ccs d’épicerie ’eelles n’ont s les moyens se payer. Et an Aantonio, au xas, ddu jamais-vu : 00 foyeers nourris une seulee journée par anque alimeentai­re locale. , aucun doute, sii les pénuries ctent les gens ici, ellees accablent les gens làlà-basbas.

Gardons l’esprit ouvert, mais si la tentation est forte de ne penser qu’à nous-mêmes. Les conflits, les changement­s climatique­s et les migrations forcées ne se sont pas estompés à cause du virus, au contraire ! Pas besoin de le laisser amplifier le drame.

« Si nous ne réussisson­s pas rejoindre ces gens avec l’aide vitale dont ils ont besoin, 300 000 personnes pourraient mourir de faim chaque jour au cours des trois prochains mois. » - David Beasley, Directeur exécutif du Programme alimentair­e mondial (PAM)

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