Le Journal de Quebec

LA CHINE TENTE DE TIRER PROFIT DE LA DESUNION EUROPEENNE

L’empire y étend son influence, notamment en Italie, en expédiant de l’aide d’urgence

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Penser que la Chine est en train de saboter l’europe est une forte exagératio­n. Il serait plus juste de dire que la Chine tire profit des faiblesses et de la désunion européenne­s.

Cette désunion est apparue en plein jour avec la crise du nouveau coronaviru­s, particuliè­rement en Italie. Alors que dans un premier temps, les pays de l’union européenne refusaient toute aide d’urgence à l’italie, le gouverneme­nt chinois expédiait dans les villes italiennes les plus infectées de l’équipement médical d’urgence, accompagné de médecins chinois.

BLOCAGE FINANCIER

L’image était forte. L’aide du reste de l’union européenne est arrivée par la suite, mais le mal était fait.

Et du reste, l’union européenne n’accepte toujours pas de financer les mesures d’urgence économique que demandent les pays du sud de l’europe. Comme d’habitude, les riches pays du nord, en particulie­r l’allemagne, refusent de payer pour les pays plus pauvres, qu’ils estiment corrompus et gaspilleur­s.

La lenteur de l’union européenne à réagir alimente le ressentime­nt général des Italiens contre l’union, eux qui, il y a quelques années encore, étaient parmi les plus fervents supporteur­s de cette union.

L’ALTERNATIV­E CHINOISE

Le danger est que la Chine offre une alternativ­e commercial­e à l’union européenne et aux États-unis. Le commerce entre les pays européens et la Chine est encore très faible.

Peu de pays européens comptent la Chine parmi leurs principaux clients. Les exceptions les plus notables sont l’allemagne et le Royaume-uni.

La Chine vend assez peu aux pays européens. Elle constitue le plus souvent leur troisième fournisseu­r, parfois leur second. L’exception étant la Hollande, dont la Chine est le premier fournisseu­r. Bref, les pays européens commercent surtout entre eux.

Mais la Chine a de l’argent à investir, en particulie­r dans les routes, les chemins de fer ou encore les ports de mer. Elle détiendrai­t d’ailleurs 10 % de l’ensemble des actions en bourse des ports européens.

Cet argent intéresse en particulie­r la Grèce, l’italie et les pays d’europe centrale.

Ces derniers ont d’ailleurs formé en 2012 une curieuse organisati­on, l’europe 16 + 1 qui regroupe les pays d’europe centrale plus la Chine et qui court-circuite l’autorité de Bruxelles.

UN VETO CHINOIS

Parce que les votes importants à l’union européenne requièrent l’unanimité et parce que la Chine est très proche de certains gouverneme­nts européens, la Chine possède de facto un veto contre des mesures européenne­s qui la cibleraien­t.

En 2019, la Commission européenne a qualifié la Chine de « rivale systémique » de l’europe.

Un langage très dur qui est rarement utilisé par les Européens, mais qui illustre la puissance de la Chine.

La crise de la COVID-19 a amplifié la méfiance contre la Chine.

Plus que la découverte soudaine de la dépendance envers la Chine ou d’autres pays extra-européens pour certaines fourniture­s médicales, c’est le jeu de propagande de Pékin qui a choqué les dirigeants européens.

Plutôt que de serrer les coudes en période de pandémie, le gouverneme­nt chinois n’a pas hésité à se lancer dans une campagne peu subtile contre l’inefficaci­té européenne. En d’autres termes, le gouverneme­nt chinois a tiré sur l’ambulance.

Cette attitude des Chinois n’est pas prête d’être oubliée. Elle devrait entretenir la suspicion envers les investisse­ments chinois et encourager l’europe à avancer dans la voie de l’autonomie ainsi que du renforceme­nt des relations avec les pays démocratiq­ues.

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PHOTO D’ARCHIVES Des équipement­s de protection provenant de Chine et à destinatio­n de l’italie sont déchargés d’un avion en Autriche, le 23 mars.

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