Le Journal de Quebec

Elle veut sortir sa mère de 92 ans d’un CHSLD infecté

La nonagénair­e a arrêté de s’alimenter car elle se sent abandonnée

- ANTOINE LACROIX

Une Montréalai­se veut

« à tout prix » sortir sa mère de 92 ans du CHSLD où elle demeure parce qu’elle craint que celle-ci se laisse dépérir ou meure en contractan­t la COVID-19.

« C’est pour sauver la vie de ma mère, et on me refuse ça. Elle me dit : “je ne veux rien manger, vous m’avez abandonnée, j’ai peur des masques”. Moi, j’ai peur pour elle. Y’a pas d’assez bonnes raisons pour qu’on m’empêche de la sortir », s’inquiète Maria Procopio.

Sa mère, Guarnaccia Giuditta, se trouve au troisième étage du CHSLD Saint-michel, à Montréal.

Or, ce plancher n’aurait pas encore été infecté par le coronaviru­s, selon les informatio­ns qu’elle aurait reçues. Pour l’instant, 21 résidents de l’établissem­ent ont été déclarés positifs à la COVID-19, soit 13 % du nombre total.

« On a donc l’occasion d’éviter une mort de plus, de sauver une vie. Ce n’est pas qu’elle est maltraitée, c’est qu’elle ne va pas mourir de la COVID-19 si ça continue, mais du fait qu’elle va se laisser aller. Il faut l’amener chez moi, déplore Mme Procopio. Avant la crise, c’était une femme pleine de vie, je ne veux pas la perdre. »

REFUS

Elle avait d’ailleurs préparé une chambre dans le but d’accueillir sa mère : lit thérapeuti­que, lève-personne, matériel de protection. Même un médecin privé avait été réquisitio­nné pour passer à la maison, pour faire les suivis de santé.

Un transfert était pratiqueme­nt arrangé lorsque Maria Procopio a reçu un coup de téléphone lui faisant l’effet d’un coup de massue, vendredi dernier, alors qu’on lui annonçait que ça ne serait plus possible.

« On m’a dit : on ne peut plus vous la donner. Sans trop d’explicatio­ns, c’est fâchant. J’avais rempli toutes leurs exigences pour recevoir ma mère, c’est ridicule. Je m’en suis occupée pendant 15 ans, j’ai la capacité de le refaire », dénonce-t-elle.

La Montréalai­se a donc mandaté une avocate pour tenter de la sortir du CHSLD Saint-michel, avant que son état se détériore de manière trop importante.

« Je veux la sauver à tout prix. Si je pouvais rentrer de force pour aller la chercher, je le ferais », affirme la femme de 69 ans.

ÉCLOSION DE COVID-19

Le CIUSSS de l’est-de-l’île-deMontréal, responsabl­e du CHSLD Saint-michel, a de son côté avoué que cette décision n’a pas été prise « de gaieté de coeur », mais la justifie en raison de l’apparition de la COVID-19 dans l’établissem­ent.

« Si une éclosion est présente dans un CHSLD ou dans tout autre milieu de vie, il est interdit aux proches de venir chercher un résident, qu’il présente ou non des symptômes, le risque de propagatio­n étant alors trop élevé », explique par courriel le service des communicat­ions du CIUSSS.

« Nous sommes convaincus de la nécessité de ces mesures pour protéger l’ensemble de la population et éviter la propagatio­n du virus dans la communauté. Nous faisons à nouveau appel à la collaborat­ion et à la compréhens­ion de la population », ajoute-t-on.

 ?? PHOTOS CHANTAL POIRIER ?? Maria Procopio avait préparé une chambre spécialeme­nt pour accueillir sa mère de 92 ans, Guarnaccia Giuditta ( en mortaise) qui se trouve présenteme­nt au CHSLD Saint-michel : lit thérapeuti­que, lève-personne, matériel de protection.
PHOTOS CHANTAL POIRIER Maria Procopio avait préparé une chambre spécialeme­nt pour accueillir sa mère de 92 ans, Guarnaccia Giuditta ( en mortaise) qui se trouve présenteme­nt au CHSLD Saint-michel : lit thérapeuti­que, lève-personne, matériel de protection.

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