Elle veut sortir sa mère de 92 ans d’un CHSLD infecté
La nonagénaire a arrêté de s’alimenter car elle se sent abandonnée
Une Montréalaise veut
« à tout prix » sortir sa mère de 92 ans du CHSLD où elle demeure parce qu’elle craint que celle-ci se laisse dépérir ou meure en contractant la COVID-19.
« C’est pour sauver la vie de ma mère, et on me refuse ça. Elle me dit : “je ne veux rien manger, vous m’avez abandonnée, j’ai peur des masques”. Moi, j’ai peur pour elle. Y’a pas d’assez bonnes raisons pour qu’on m’empêche de la sortir », s’inquiète Maria Procopio.
Sa mère, Guarnaccia Giuditta, se trouve au troisième étage du CHSLD Saint-michel, à Montréal.
Or, ce plancher n’aurait pas encore été infecté par le coronavirus, selon les informations qu’elle aurait reçues. Pour l’instant, 21 résidents de l’établissement ont été déclarés positifs à la COVID-19, soit 13 % du nombre total.
« On a donc l’occasion d’éviter une mort de plus, de sauver une vie. Ce n’est pas qu’elle est maltraitée, c’est qu’elle ne va pas mourir de la COVID-19 si ça continue, mais du fait qu’elle va se laisser aller. Il faut l’amener chez moi, déplore Mme Procopio. Avant la crise, c’était une femme pleine de vie, je ne veux pas la perdre. »
REFUS
Elle avait d’ailleurs préparé une chambre dans le but d’accueillir sa mère : lit thérapeutique, lève-personne, matériel de protection. Même un médecin privé avait été réquisitionné pour passer à la maison, pour faire les suivis de santé.
Un transfert était pratiquement arrangé lorsque Maria Procopio a reçu un coup de téléphone lui faisant l’effet d’un coup de massue, vendredi dernier, alors qu’on lui annonçait que ça ne serait plus possible.
« On m’a dit : on ne peut plus vous la donner. Sans trop d’explications, c’est fâchant. J’avais rempli toutes leurs exigences pour recevoir ma mère, c’est ridicule. Je m’en suis occupée pendant 15 ans, j’ai la capacité de le refaire », dénonce-t-elle.
La Montréalaise a donc mandaté une avocate pour tenter de la sortir du CHSLD Saint-michel, avant que son état se détériore de manière trop importante.
« Je veux la sauver à tout prix. Si je pouvais rentrer de force pour aller la chercher, je le ferais », affirme la femme de 69 ans.
ÉCLOSION DE COVID-19
Le CIUSSS de l’est-de-l’île-deMontréal, responsable du CHSLD Saint-michel, a de son côté avoué que cette décision n’a pas été prise « de gaieté de coeur », mais la justifie en raison de l’apparition de la COVID-19 dans l’établissement.
« Si une éclosion est présente dans un CHSLD ou dans tout autre milieu de vie, il est interdit aux proches de venir chercher un résident, qu’il présente ou non des symptômes, le risque de propagation étant alors trop élevé », explique par courriel le service des communications du CIUSSS.
« Nous sommes convaincus de la nécessité de ces mesures pour protéger l’ensemble de la population et éviter la propagation du virus dans la communauté. Nous faisons à nouveau appel à la collaboration et à la compréhension de la population », ajoute-t-on.