Relations troubles derrière des résidences pour aînés
Ces individus ont participé au financement d’un réseau de huit établissements dans la région de Montréal
Mais à qui le gouvernement confie donc les aînés du Québec, durement touchés par la pandémie de COVID-19? À Montréal et Laval, des gens d’affaires aux liens troubles ont participé au financement d’un important réseau de résidences pour personnes âgées, a découvert notre Bureau d’enquête.
Des partenaires d’affaires des caïds Raynald Desjardins et Domenico Arcuri ; le fils d’un mafieux notoire ; un entrepreneur relié à Nick Rizzuto Jr à la commission Charbonneau ; l’avocat de proches du crime organisé. Tous ces personnages ont cautionné des prêts bancaires accordés aux résidences du Groupe immobilier Globale.
Cette entreprise gère huit établissements à Montréal et Laval, dont six abritent des « ressources intermédiaires » (RI), entièrement financées par les deniers publics.
Sur l’île de Montréal, Globale exploite plus de 600 places en RI, soit 30 % des lits disponibles.
ENTRE 37 ET 84 $ PAR JOUR
Pour chaque place, ceux qui exploitent ces résidences obtiennent entre 37 et 84 $ par jour, selon le niveau de soins. Depuis une dizaine d’années, Globale a obtenu pour au moins 200 millions $ en contrats avec les autorités locales de la santé.
Trois associés principaux dirigent le réseau : Anthony Falvo, Vincent Mercadante et Germina Negrut. Des dizaines d’autres partenaires ont toutefois embarqué dans l’aventure avec eux, à travers une série de sociétés en commandite, propriétaires des résidences.
Leurs noms sont enfouis dans des actes hypothécaires qu’a déterrés notre Bureau d’enquête. Ils y apparaissent comme cautions de prêts bancaires. Selon l’associé Anthony Falvo, il y aurait environ 70 investisseurs.
« C’étaient des gens que l’on connaissait d’avance, dit-il. On avait des immeubles de revenus et on a décidé de s’en aller dans les résidences. Ça semblait être un bon trend [tendance]. »
« Tout le monde a mis de l’argent, c’est clair ! ajoute Anthony Falvo. Il n’y a rien de gratuit dans la vie, hein? »
PARTENAIRES SILENCIEUX
Parmi les « cautionneurs » des prêts qui servent à financer ces immeubles figurent notamment Joseph Sciascia, Giancarlo Bellini et Johnny Falvo, trois hommes d’affaires ayant eu des liens ou des relations financières avec des membres de la mafia montréalaise ( voirci-contre).
S’y retrouvent également l’avocat Carmine Mercadante et la notaire Elisa Donatelli, qui rendent des services juridiques à des proches du crime organisé.
Anthony Falvo a refusé de commenter la présence de leurs noms dans les documents financiers de ses établissements.
« Moi, c’est vraiment pas mes affaires, dit-il. Nous autres, ce qui nous intéresse, c’est que quelqu’un investit, that’sit,that’sall [c’est tout]. »
Les actes hypothécaires datent de 2010 à 2016, mais tous les individus qui ont cautionné les prêts et qui ont répondu à nos questions ont indiqué qu’ils étaient toujours partenaires silencieux dans ces immeubles.
Plusieurs investisseurs comptent également des membres de leur entourage et de leur famille parmi ces partenaires.
–Aveclacollaborationd’andreavaleria