Pas de honte à avoir peur
Le Québec me donne l’impression d’être divisé en deux nations hostiles, comme les Hurons et les Iroquois du temps de Jacques Cartier.
Ces tribus nées de la COVID-19, je les appelle les Kesski et les Yakka.
Les Kesski sont les inquiets qui multiplient les questions, souvent très pertinentes.
« Kesski » va arriver avec mon enfant si… ?
« Kesski » va arriver avec mon emploi si… ?
Les Yakka sont ceux qui n’en peuvent plus du confinement.
Leur envie de bouger est plus forte que tout.
Tel problème ? « Yakka » faire ceci. Tel autre problème ? « Yakka » faire cela.
C’est souvent irréaliste.
Les deux exagèrent.
RISQUES
On a de vraies raisons d’avoir peur, mais il ne faut pas que cela nous paralyse.
On a raison d’ouvrir graduellement, mais il n’est pas vrai que c’est sans risques.
Les éducatrices dans les garderies seront toutes masquées.
Des profs exigent masques, gants et blouses.
Les autorités italiennes avancent que la réouverture des écoles fera immédiatement repartir la contagion. Hmm…
Dans le réseau de la santé, les absents se comptent par milliers. Pourquoi vous pensez ?
Un troisième préposé aux bénéficiaires est mort.
L’immunité collective ? Aucune preuve que cela fonctionne avec la COVID-19.
L’ontario attendra avant de se remettre en mouvement.
L’OMS dit qu’il faut réunir six conditions pour commencer à déconfiner.
Deux semblent problématiques chez nous : le contrôle de la situation dans les milieux à risque, et la capacité à tester massivement et à isoler rapidement.
À Montréal, au-delà des CHSLD, des quartiers défavorisés sont devenus des foyers d’infection.
Ces gens iront travailler, emprunteront les transports en commun, enverront leurs enfants à l’école. Question de survie économique.
Un employé pourra-t-il refuser d’aller travailler sans être sanctionné si l’employeur respecte les directives ? Rien n’est clair et le ministre Fitzgibbon a patiné.
De toute façon, beaucoup de gens en difficulté financière n’auront pas le choix.
Le Québec est dans le top 10 en Amérique du Nord pour les décès, parce que nous avons beaucoup d’aînés dans des centres d’hébergement, et parce que Montréal est plus densément peuplée que, par exemple, Toronto.
Et on aura beau être prudents, quand on voit les covidiots autour de nous, ben…
Où est-ce que je veux en venir ?
NORMAL
J’en viens au fait qu’il est normal d’avoir peur.
Ceux qui prétendent ne pas avoir peur mentent, se mentent à euxmêmes, ou ne voient pas la situation telle qu’elle est.
La peur, ce n’est pas le manque de courage.
La peur, c’est un signal que nos sens envoient à notre système nerveux devant un danger réel ou imaginé.
Ici, le danger peut être jugé plus ou moins élevé, mais il est réel.
La peur, c’est un système d’alarme, un outil de protection, qui nous empêche de faire des conneries.
Le vrai courage, ce n’est pas de nier sa peur, ce n’est pas de jouer au « p’tit tough ».
C’est de l’admettre, de la confronter, de la dominer, de l’apprivoiser.
Vous n’avez pas à avoir honte d’avoir peur.