L’aide médicale à mourir est menacée
Québec craint tellement de manquer de certains médicaments que le ministère de la Santé a commandé d’urgence un rapport pour trouver des options pour les gens qui souhaitent obtenir l’aide médicale à mourir.
Un des principaux médicaments utilisés pour provoquer le coma profond chez les patients en fin de vie, le propofol, est également utilisé chez les patients hospitalisés aux soins intensifs pour la COVID-19.
Il y a présentement une pénurie mondiale de ce médicament.
C’est dans ce contexte que le ministère de la Santé a demandé un avis à l’insitut national d’excellence en santé et services sociaux (INESSS).
INQUIÉTANT
Un des enjeux soulevés par les experts donne froid dans le dos.
« Dans un contexte de pénurie de produits, il est envisageable que des demandes D’AMM [aide médicale à mourir] aient à être reportées ou les soins palliatifs prolongés », peut-on lire dans le rapport.
Cela voudrait dire que les patients en fin de vie ne pourraient compter sur certains médicaments pour soulager leurs souffrances ou décider du moment où ils veulent mourir.
L’INESSS recense quelques traitements alternatifs qui pourraient être administrés, mais les options sont limitées.
Certains d’entre eux nécessitent une approbation spéciale de Santé Canada alors que d’autres risquent eux aussi de se retrouver en rupture de stock.
« UN SERVICE ESSENTIEL »
Pour le Dr Alain Naud, il est toutefois inadmissible qu’on puisse compromettre les soins des patients en fin de vie.
« L’aide médicale à mourir reste un service essentiel. Est-ce qu’on remettrait une appendicite ou un accouchement ? », dit ce spécialiste de la question.
Le Dr Naud déplore également le manque de renseignements sur l’état des stocks de médicaments dans les différents hôpitaux du Québec.
Au CHU de Québec où il pratique, il dit que le manque de propofol n’est pas à risque à court terme.
La situation est probablement différente dans la région de Montréal où l’on traite plusieurs patients de la COVID-19 aux soins intensifs.
ÉCONOMIE
Avec trois ou quatre cas d’aide médicale à mourir par jour au Québec, il ne croit pas que c’est significatif. Ce qui ne l’empêche pas de prendre des mesures pour éviter le gaspillage.
« On ménage les stocks », dit-il en expliquant que le protocole habituel nécessite huit seringues de propofol.
Depuis quelques semaines, il ne remplit que deux seringues et conserve le reste dans des fioles qui peuvent ensuite être remises à la pharmacie.
Selon lui, parmi les solutions proposées par L’INESSS, seule l’étomidate est une option valable puisque son action est très semblable à celle du propofol.