Le Journal de Quebec

Confiné seul

- MARIO DUMONT mario.dumont@quebecorme­dia.com

Le confinemen­t gruge la joie de vivre. Pas de sorties, pas de contact avec parents et amis, pas de spectacles ou de cinéma, pas de voyages. Malgré tout, je fais partie des gens qui vivent le confinemen­t avec une conjointe et trois jeunes adultes à la maison.

J’ai une pensée pour ceux qui vivent le confinemen­t seul. Sept jours sur sept, du matin au soir, seul avec soi-même. Au mieux un chien ou un minet pour assurer une forme de présence.

Le récit de leur confinemen­t détonne avec ceux qui l’ont vécu en couple ou en famille. Les jours peuvent être longs. Le silence peut devenir lourd.

Beaucoup de gens vivant seuls ont tendance à être très organisés. Ils investiron­t du temps pour fixer des rencontres : un souper avec untel au restaurant, un autre qu’on invitera à la maison le lendemain. On s’organisera des sorties fixes les soirs de semaines et un peu de vie sociale le week-end. Tout ça interdit, la vie tombe à plat.

Bien sûr, les technologi­es de communicat­ions de 2020 permettent des interactio­ns à distance. Il s’est tenu un nombre record de 5 à 7 et de soupers par visioconfé­rence depuis six semaines. La chose avait de quoi amuser au début, comme tout ce qui est nouveau et hors norme. Mais cette méthode a comblé de plus en plus difficilem­ent le vide au fil des semaines.

On dira ce qu’on voudra, le toucher fait partie de l’expérience humaine d’un contact véritable. Sans égard à l’aspect sexuel, l’absence totale et prolongée de contact finit par accroître la sensation de vide qui vient avec la solitude.

LE SOUTIEN

Vivre le confinemen­t est exigeant.

Quand on y ajoute les baisses de revenus, l’incertitud­e pour ses finances personnell­es, l’inquiétude à propos d’un parent âgé qu’on ne peut plus visiter, il y a de quoi angoisser. Or l’angoisse pèse moins lourd lorsqu’elle se dépose sur plus d’une paire d’épaules. Les personnes seules sont privées du soutien quotidien qui adoucit les petites misères comme les grandes inquiétude­s.

Si pour certains, vivre seul représente un choix, pour d’autres, cette pandémie a simplement frappé à un mauvais moment. La solitude peut découler d’une séparation ou d’un décès survenus au cours des dernières années. Des semaines sans un autre visage entre les quatre murs paraissent encore plus accablante­s.

La télé, la radio, les visioconfé­rences, jamais une voix qui ne sorte pas d’une machine.

UN RASSEMBLEM­ENT DE DEUX

Alors que nous en sommes à sortir du confinemen­t, étape par étape, je comprends que le gouverneme­nt insiste toujours pour interdire les rassemblem­ents. Mais pourrait-on penser à autoriser les rassemblem­ents de deux personnes ? Permettre à des personnes vivant seules de partager un moment apparaît fort raisonnabl­e.

Déjà que j’ai été fort mal à l’aise en entendant que des contravent­ions avaient été imposées à des conjoints qui ne vivent pas à la même adresse et qui se fréquentai­ent pendant le confinemen­t. La santé publique s’inquiète des conséquenc­es humaines du confinemen­t. Le cas des personnes vivant seules devrait faire l’objet d’une attention particuliè­re.

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Le confinemen­t exige des sacrifices pour tous, mais il peut se vivre plus âprement pour les personnes seules.

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