Le Journal de Quebec

Un programme d’aide compliqué, déplorent des commerçant­s

- TAÏEB MOALLA

La complexité entourant le programme d’aide financière aux PME explique que la Ville de Québec ait reçu si peu de demandes jusqu’à maintenant, selon des commerçant­s.

Jeudi, Régis Labeaume s’était dit « un peu étonné » du fait que seulement 200 demandes avaient été déposées pour le prêt de 10 millions $.

Cet argent provient du gouverneme­nt provincial, mais le programme est administré par la municipali­té.

Même si le maire de Québec a assuré que la demande serait facile à compléter, certains dirigeants de PME ont tiqué en constatant la paperasse à réunir.

L’obligation de fournir des états financiers signés par un comptable profession­nel agréé et de remettre les deux derniers relevés de la déclaratio­n de la TPS et de la TVQ en a exaspéré plus d’un.

DIFFICULTÉ­S

« Si c’est ton beau-frère qui fait la comptabili­té ou un technicien-comptable, ça ne suffit pas pour eux. Quand on parle de comptable agréé, ça veut dire des investisse­ments de la part d’entreprene­urs pour faire cette démarche », a regretté Jean-pierre Bédard, porte-parole des sept SDC (Sociétés de développem­ent commercial) de Québec.

Selon lui, l’exigence de fournir les déclaratio­ns de TPS et de TVQ ajouterait une couche supplément­aire de difficulté et pourrait conduire à exclure des commerçant­s.

« C’est un autre élément qui pénalise, a-t-il laissé tomber. Ça en a refroidi plusieurs. Mais j’avoue que je ne peux pas être totalement contre, puisque c’est de l’argent public qui est géré ».

De façon plus crue, un commerçant de Québec, qui a réclamé l’anonymat, a parlé au Journal d’un « programme très mal foutu. Ce financemen­t est le plus lent, le plus cher et le moins efficace que j’ai pu voir ».

Mi-sérieux mi-moqueur, il a ajouté que « demander 2 millions $ à Investisse­ment Québec, c’est moins compliqué que ça ».

La situation l’horripile d’autant plus qu’une aide fédérale de 40 000 $ (à taux de 0 % et avec possibilit­é de convertir 10 000 $ en subvention) fut beaucoup moins compliquée à toucher.

« Ils demandaien­t très peu de papiers. Ça a pris juste quatre jours pour que l’argent soit sur le compte bancaire », a-t-il assuré.

RÉPLIQUE DE LA VILLE

Appelée à réagir, la Ville de Québec a réitéré que les critères d’admission visent à répondre aux exigences du gouverneme­nt du Québec et que tout est fait pour « assurer une saine gestion des fonds publics ».

L’avis de cotisation (TPS et TVQ) a notamment pour but « de s’assurer que l’entreprise était bel et bien opérationn­elle avant la crise. Si le dossier présente des anomalies (ex. : retard de paiement), la Ville investigue­ra sur les raisons des anomalies et évaluera le dossier avant de rendre sa décision », dit-on.

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