Le Journal de Quebec

La crise, un électrocho­c pour la justice

- PATRICK BELLEROSE

Premiers procès entièremen­t virtuels, requête d’appel en ligne, paiement sécurisé : la crise de la COVID-19 a forcé le système de justice à adopter rapidement de nouveaux outils numériques qui demeureron­t en place après la crise, affirme la ministre de la Justice Sonia Lebel.

Pour Mme Lebel, la fermeture des salles d’audience durant le confinemen­t va accélérer l’adoption du projet Lexius (voir encadré), lancé il y a deux ans dans le but d’éliminer les montagnes de documents qui transforme­nt nos palais de justice en « hangars à papier ».

« La transforma­tion, ce n’est pas juste la technologi­e, c’est aussi le changement des mentalités », souligne la ministre en entrevue avec notre Bureau parlementa­ire. « La nécessité créée par la crise a donné le “boost” nécessaire qui a fait que tous les acteurs du système se sont mis en mode solution », observe-t-elle.

Fin mars, un premier procès entièremen­t virtuel s’est déroulé dans un dossier de garde d’enfant à Trois-rivières. Juge, avocats, témoins et parties prenantes sont intervenus à distance. Depuis, les procès par vidéoconfé­rence se multiplien­t au Québec.

De la même façon, la crise sanitaire a forcé le ministère à mettre en place un greffe numérique pour la Cour d’appel du Québec, en plus de permettre le paiement des frais judiciaire­s en ligne.

ARRÊT JORDAN

« On va sortir de la crise avec des avancées qui vont demeurer », estime Sonia Lebel.

Après tout, les restrictio­ns liées à la COVID-19 risquent de demeurer en place encore « quelque temps » et le système de justice ne peut pas continuer d’accumuler des inventaire­s de dossiers non traités.

À terme, la numérisati­on de la justice permettra aussi de mieux respecter les délais imposés par l’arrêt Jordan, affirme Mme Lebel. Par exemple, les avocats des régions éloignées n’auront plus à perdre une journée pour venir déposer leurs dossiers.

Les procureurs, eux, pourront régler virtuellem­ent les questions d’horaires avec le tribunal sans y consacrer une demi-journée sur place.

Mais les outils virtuels ont leurs limites. « Le procès devant jury, on n’est pas rendus là et ce n’est peutêtre pas le plus adapté », souligne la ministre.

Avant le confinemen­t, les acteurs étaient « déjà autour de la table, affirme Mme Lebel, mais chacun avait ses craintes, chacun avait ses enjeux. » « La crise a eu pour effet positif de mobiliser les gens parce que c’était une question de nécessité immédiate », conclut-elle.

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