Le Journal de Quebec

Frénésie pour le plus gros avion au monde

L’antonov AN-225 a atterri hier soir avec des millions de blouses de protection pour nos anges gardiens

- SYLVAIN LAROCQUE

Une rare visite du plus gros avion au monde, rempli de blouses de protection. De quoi susciter la frénésie chez les fans d’aviation et du soulagemen­t chez les travailleu­rs de la santé.

L’antonov AN-225, un mastodonte de 300 tonnes propulsé par six moteurs, s’est finalement posé à Mirabel à 20 h 22, hier soir. Il s’agit du seul exemplaire jamais construit de cet appareil de la fin de l’ère soviétique.

« C’est le couronneme­nt de plusieurs semaines de travail », se réjouit Marco Prud’homme, président de Nolinor Aviation, qui a coordonné cette mission hors du commun.

« Des blouses, on avait hâte d’en avoir », confie une source au gouverneme­nt, sous le couvert de l’anonymat.

L’avion géant a transporté plus de 1000 mètres cubes de marchandis­es, soit des millions de blouses.

Le vol a déclenché un vif intérêt. Des gens se sont proposés comme bénévoles pour décharger l’avion. Aéroports de Montréal a senti le besoin de dire aux planespott­ers de ne pas se rendre à Mirabel et a demandé une présence policière sur place.

« SUBMERGÉS DE DEMANDES »

« On avait vraiment sous-estimé l’ampleur que ça prendrait. On a été submergés de demandes, d’appels et de textos : les gens ont été très créatifs pour entrer en contact avec nous », raconte M. Prud’homme.

La dernière fois qu’on avait vu un AN-225 à Mirabel, c’était en 2012 en raison d’un déroutemen­t d’urgence.

Pour Nolinor, l’opération n’a pas été de tout repos, loin de là. Même si l’entreprise compte des années d’expérience dans le domaine, tout est plus compliqué ces joursci en raison de la ruée mondiale pour l’équipement de protection.

Marco Prud’homme voulait à tout prix éviter que l’avion ukrainien reparte de Chine vide, comme c’est arrivé à d’autres appareils nolisés par le Canada, la semaine dernière.

Dans les heures qui ont suivi l’atterrissa­ge de L’AN-225 à l’aéroport de Tianjin, près de Pékin, mercredi, M. Prud’homme a eu beaucoup de mal à savoir ce qui se passait sur le terrain.

« Ç’a été un défi : il n’y a pas grand monde qui parle anglais là-bas », relève-t-il.

Pour avoir l’heure juste, Nolinor a eu recours à des Québécois d’origine chinoise qui avaient des contacts à Tianjin.

RETARD

La marchandis­e est arrivée avec beaucoup de retard à l’aéroport, alors que la douane était fermée. Il a donc fallu attendre au lendemain pour que le tout soit dédouané.

De plus, la procédure d’inspection est fastidieus­e en raison des nouvelles mesures mises en place par la Chine pour éviter l’exportatio­n de produits de piètre qualité.

« Quand on a commencé à recevoir des photos du cargo qui était arrivé à l’aéroport et du chargement qui commençait, c’était encouragea­nt », dit Marco Prud’homme. Il a fallu pas moins de huit heures pour remplir l’avion à ras bord.

Le retard a toutefois eu pour effet d’obliger les 22 membres d’équipage à passer la nuit à Anchorage, en Alaska, pour prendre du repos.

C’est donc trois jours et demi après son arrivée en Chine que l’antonov a atterri au Québec. Le déchargeme­nt de sa précieuse cargaison s’est poursuivi jusque dans la nuit.

45 000 $ L’HEURE

Combien a coûté l’opération ? En temps normal, les services de L’AN-225 coûtent environ 45 000 $ l’heure, ce qui représente plus de 600 000 $ pour un vol de 14 heures entre le Québec et la Chine. Les prix ont toutefois explosé récemment avec l’arrêt de la plupart des vols passagers, ce qui a réduit l’offre de transport.

« Pour nous, ça n’a pas été plus coûteux qu’à l’habitude », assure toutefois Stephen Arbib, PDG de Momentum Solutions, qui a fait profiter de sa longue relation d’affaires avec Antonov Airlines à Nolinor et aux Québécois.

Momentum a souvent utilisé L’AN-225 pour transporte­r des chars d’assaut, des hélicoptèr­es et même des avions pour le compte de la Défense nationale.

 ?? PHOTOS AGENCE QMI, JOËL LEMAY ?? L’avion géant qui a atterri hier soir à Mirabel au terme d’un mois de préparatif­s. En mortaise, les travailleu­rs mettront au moins huit heures à décharger l’appareil.
PHOTOS AGENCE QMI, JOËL LEMAY L’avion géant qui a atterri hier soir à Mirabel au terme d’un mois de préparatif­s. En mortaise, les travailleu­rs mettront au moins huit heures à décharger l’appareil.

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