Le Journal de Quebec

Québec a récupéré ses 45 M$ pour l’achat de masques N95

L’entreprene­ur aurait fait un coup similaire en 2015

- MICHAËL NGUYEN

Le gouverneme­nt du Québec a récupéré hier les 45 millions $ versés à un entreprene­ur de Brossard qui prétendait pouvoir fournir des masques N95 en pleine pénurie mondiale.

« L’argent est revenu chez nous », s’est réjoui hier le porte-parole du Centre hospitalie­r universita­ire (CHU) de Québec, Bryan Gélinas. Le Centre est mandaté par le gouverneme­nt pour l’achat d’équipement médical.

Par conséquent, le CHU de Québec ne risque plus de perdre le pactole, qui avait été avancé le mois passé à Patrick Ledoux, un entreprene­ur qui aurait fait le même coup à un particulie­r il y a quelques années.

En mars, Ledoux a contacté le gouverneme­nt en disant pouvoir fournir cinq millions de masques N95. Compte tenu de l’urgence, des responsabl­es du CHU de Québec avaient accepté de transférer l’argent rapidement. Ledoux a tenté d’en envoyer une partie en Chine et à Hong Kong.

GEL DES FONDS

Des enquêteurs de la Banque TD avaient levé le drapeau rouge et fait geler les fonds avant qu’ils se volatilise­nt. Selon des documents de cour, Ledoux a ensuite été confronté. C’est là qu’il aurait dit qu’il s’agissait de commission­s pour des intermédia­ires.

Il a ensuite mentionné que les masques étaient en Angleterre, exhibant une attestatio­n. Son document, qui comportait une erreur d’orthograph­e, était en fait un faux.

« Matériel médical L.A [l’entreprise créée par Ledoux] s’apparente à ce stadeci à une coquille vide nouvelleme­nt créée pour tenter de faire un coup d’argent », avait dit le juge Bernard Synnott, gelant l’argent versé à Ledoux, la semaine dernière à Montréal.

Or, ce n’était pas la première fois que Ledoux aurait fait miroiter du matériel sans jamais le livrer, révèlent des documents judiciaire­s obtenus par Le Journal.

En 2015, il aurait fait subir la même médecine à un comptable pour un montant moindre.

À l’époque, Ledoux avait été embauché pour la réfection d’une toiture qui incluait l’achat d’ardoise. À la demande de Ledoux, le comptable avait accepté de verser un dépôt de 22 811 $.

Or, le matériel n’a jamais été livré. « Malgré l’encaisseme­nt du dépôt par Dimex Canada [l’entreprise de Ledoux], cette dernière n’a jamais effectué les travaux ni livré l’ardoise », avait indiqué le comptable dans sa poursuite contre Ledoux.

Après avoir longtemps ignoré le comptable, Ledoux a finalement indiqué que son entreprise ne pourrait rien livrer.

« Malheureus­ement, la compagnie est dans le processus et dans l’obligation de déclarer faillite », avait écrit Patrick Ledoux, huit mois après la signature du contrat.

Cette informatio­n était fausse étant donné qu’une simple recherche permet de voir que l’entreprise est toujours active, même aujourd’hui.

L’affaire s’est finalement conclue avec un règlement hors cour confidenti­el. Dans celle qui implique l’achat de masques N95, un juge devra encore trancher pour savoir entre autres si Ledoux devra verser 10 000 $ en dommages, pour ses gestes que le CHU de Québec considère comme des « manoeuvres frauduleus­es ».

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PHOTO D’ARCHIVES SIMON CLARK Une femme et un enfant quittent le Centre hospitalie­r universita­ire de Québec à la fin du mois d’avril. Le CHU ne perdra pas les 45 M$ investis dans l’achat de masques.

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