Le Journal de Quebec

« On s’en va à la guerre »

L’ancien boxeur devenu professeur Michael Gadbois anticipe le retour à l’école

- mathieu.boulay@quebecorme­dia.com Mathieu Boulay l Mboulayjdm

« C’est comme un soldat qui met son casque, son fusil sur son épaule, qui regarde devant lui et qui s’en va à la guerre. C’est comme ça qu’il faut le voir. Les élèves seront nerveux. C’est sûr qu’il y aura des enfants qui vont tousser et éternuer. Nous, les enseignant­s, ne sommes à l’abri de rien. Il va falloir être rigoureux. »

C’est dans ces mots que l’ancien boxeur Michael Gadbois, qui est maintenant professeur dans une école primaire de la Montérégie, voit son retour à l’école ce matin.

Au cours de sa carrière dans le ring, il n’a jamais reculé devant un adversaire. Gadbois (16-1-3, 4 K.-O.) a été impliqué dans quelques guerres. Toutefois, celle contre la COVID-19, un opposant invisible, le rend un peu plus craintif.

« On n’a pas de masque et ils ne fournissen­t rien, a souligné celui qu’on surnommait l’unique chez les pros. Par contre, je vais me trouver un masque et je vais le porter pour protéger ma famille et mes parents.

« Je vais prendre mon groupe et on va marcher la tête haute. »

DIFFICILE POUR LES ÉLÈVES

Gadbois enseigne dans une classe d’adaptation scolaire où les élèves ont des problèmes langagiers.

« Je m’en vais au front. Ce sera difficile en tant qu’enseignant, mais ça sera aussi très difficile pour les élèves, a-t-il ajouté. Je sais déjà qu’on sera relocalisé­s parce que mon local est trop petit pour respecter la distanciat­ion sociale.

« Pour certains, changer d’environnem­ent sera difficile. Tu les sors de leur routine et ça peut facilement les désorganis­er. »

Avec la modificati­on des récréation­s et l’absence des cours d’éducation physique, plusieurs enfants pourraient trouver le temps long.

« Chaque jour sera plus stressant. Les cours d’éducation physique sont une porte de sortie pour certains d’entre eux. Ils ne pourront pas jouer au hockey, au soccer ou au football. Je vais trouver des moyens pour rendre ça moins pénible. »

LIENS ENTRE DEUX UNIVERS

Gadbois a pris officielle­ment sa retraite de la boxe en 2018. C’est à ce moment qu’il a décidé de compléter son baccalauré­at en enseigneme­nt primaire et préscolair­e.

Au début, il était capable de combiner son horaire d’étudiant et celui de boxeur profession­nel. Toutefois, avec les stages pour remplir les crédits nécessaire­s à sa réussite, c’est devenu une mission impossible.

« J’ai subi une blessure importante en 2015 et j’ai dû me faire opérer, a expliqué Gadbois. Ça m’a donné le coup de pied au derrière pour amorcer mes études en éducation.

« J’ai obtenu mon diplôme en décembre dernier. Je suis en train de faire ma maîtrise en enseigneme­nt, profil didactique. Mon sujet de thèse n’est pas encore défini, mais ce sera sur les enfants à haut potentiel (douance).»

Il voit certaines similitude­s entre l’enseigneme­nt et la boxe.

« Il y a certains parallèles, mais le défi n’est pas le même. Dans les deux cas, tu es seul dans un ring et devant une classe, a raconté Gadbois. Ma direction est un peu comme mon promoteur.

« Les élèves sont un peu comme la foule et les journalist­es qui assistaien­t à mes combats. Tu dois utiliser plusieurs stratégies pour atteindre ton objectif. »

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D’ARCHIVES, MARTIN CHEVALIER PHOTOS COURTOISIE­ET ses élèves L’ex-pugiliste Michael Gadbois retrouvera­bientôt dans une école primaire de la Montérégie.
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