Montréal doit faire pas mal mieux
Le déconfinement a été repoussé au moins jusqu’au 25 mai en raison de la situation qui ne s’améliore pas
Le déconfinement est encore repoussé d'une semaine dans le grand Montréal, où la situation reste bien plus critique qu'ailleurs en province. Commerces, écoles et garderies n'ouvriront pas leurs portes avant au moins le 25 mai.
« Montréal, c'est fragile, le reste du Québec, c'est le paradis », a illustré Horacio Arruda, directeur national de la santé publique.
Lui et le premier ministre François Legault ne sont pas satisfaits de l’état de la propagation de la COVID-19 dans la métropole et ses banlieues, alors que l’écart se creuse avec le reste de la province.
Des 121 nouveaux décès dus au coronavirus annoncés hier, pas moins de 119 (98%) proviennent du grand Montréal. Depuis le début de la crise, on déplore 2631 morts au Québec, dont 1666 sont de la métropole.
Les Montréalais devront donc patienter encore avant de pouvoir reprendre le boulot, tout comme les écoliers, dont le retour en classe était prévu le 19 mai. Sans parler du manque criant de personnel soignant dans les hôpitaux montréalais, qui fait craindre le pire si la contagion s’accentue.
François Legault a même précisé que la date du 25 mai n’est pas coulée dans le béton. Le déconfinement du grand Montréal se fera à cette date « si et seulement si la situation s’améliore », notamment du côté du personnel de la santé, a-t-il insisté.
PLANTE SALUE LA DÉCISION
La mairesse de Montréal, Valérie Plante, est totalement en accord avec la décision gouvernementale de repousser le déconfinement.
« Je l’accueille favorablement, parce que la santé de la population doit toujours être ce qui prime, c’est ça le plus important », a-t-elle dit hier.
« Dans la région métropolitaine, on a absolument besoin d’avoir plus de tests pour pouvoir mieux comprendre la situation et agir de façon ciblée, a soutenu la mairesse. Plus il y en aura, mieux ce sera. »
Parallèlement à ce nouveau report, la Ville de Montréal a annoncé une aide d’urgence de 5 M$ pour les entreprises et les commerces montréalais dans le contexte de la crise sanitaire.
DÉCONFINEMENT PRÉCIPITÉ ?
Les commerces locaux, les entreprises d’économie sociale et les entreprises culturelles sont visés. Une aide directe de 3 M$, plutôt qu’un prêt, sera disponible, a fait savoir la mairesse Plante.
Or, l’épidémiologiste Nima Machouf estime que le « déconfinement est précipité », alors que selon elle la capacité de tester la population n’est pas suffisante.
« On n’est pas rendu là, surtout dans la grande région de Montréal, où 70 % de l’épidémie est concentré. Je comprends que les gens soient tannés, mais on n’a pas le choix. C’est un retour à la case départ sinon, a-t-elle affirmé hier à QUB radio.
Si on n'est pas capable de tester massivement, le déconfinement se fera de manière inadéquate et chaotique. »
De son côté, le président de l'association des microbiologistes du Québec croit que la reprise des activités à Montréal ne sera pas envisageable tant que la situation ne sera pas totalement sous contrôle dans les CHSLD et les résidences pour personnes âgées durement frappés.
« Se donner plus de temps, c’est une bonne idée pour regagner le contrôle. Je pense que c’est réaliste, mais il faut continuer de respecter les mesures gouvernementales », a indiqué Christian Jacob. – Avec la collaboration
d’antoine Lacroix
Horacio Arruda sera à Montréal aujourd’hui, pour une rare fois depuis le début de la crise, afin de constater la situation pire qu’ailleurs au Québec. Le directeur national de la santé publique va effectuer un point de presse avec son homologue régionale, la Dre Mylène Drouin.