Jusqu’à 3000 $ par mois en bonis pour les renforts
Québec récompensera les anges gardiens transférés des régions vers Montréal
Le gouvernement Legault sort l’artillerie lourde pour inciter le personnel de la santé du reste du Québec à se joindre à l’effort de guerre en zone chaude, en offrant des bonis pouvant totaliser 3000 $ pour un seul mois de travail.
Comme annoncé précédemment par notre Bureau parlementaire, le premier ministre François Legault et le président du Conseil du trésor, Christian Dubé, ont confirmé hier l’instauration d’une nouvelle prime de 1000 $ par mois visant à encourager le personnel soignant à travailler à temps plein auprès des victimes de la COVID-19.
« C’est près de 70 millions $ par mois qui seront consentis ainsi pour des primes additionnelles », a précisé M. Dubé.
AU MOINS 36,25 HEURES PAR SEMAINE
Tous ceux qui travaillent dans les CHSLD, les résidences privées et les zones rouges des hôpitaux où se trouvent des personnes infectées auront droit à ce nouvel incitatif, à la condition qu’ils complètent quatre semaines consécutives de travail d’au moins 36,25 heures chacune.
« Pour un préposé aux bénéficiaires, c’est à peu près 30 % d’augmentation du salaire », a illustré M. Legault.
Les salariés qui travaillent dans un CHSLD où il n’y a pas de cas de COVID-19 recevront quant à eux 100 $ de plus par semaine, toutes les catégories d’emploi confondues, et cela, dans toutes les régions.
Pour ce qui est des centres hospitaliers, seuls les infirmiers et infirmières (cliniciennes et auxiliaires), inhalothérapeutes, préposés aux bénéficiaires et préposés à l’entretien travaillant dans les hôpitaux désignés zone rouge du Grand Montréal pourront toucher la prime.
2000 $ DE PLUS POUR LES TRANSFERTS
En revanche, les membres du personnel du réseau de la santé en région qui accepteront d’être transférés temporairement vers l’épicentre de la pandémie qu’est le Grand Montréal mériteront, en plus de la prime de 1000 $, une somme additionnelle de 2000 $.
« On a besoin de vous tous pour mener cette bataille », a insisté le président du Conseil du trésor, alors que le réseau souffre de l’absence de 11 600 employés.
Donnant l’exemple d’infirmières ou de pompiers volontaires en régions qui hésitent à se rendre en zone chaude,
M. Dubé s’est dit « très ouvert » à ce qu’ils se joignent « en équipe » à la « résistance ».
« On a des facilités avec les hôtels à Montréal. […] Ils peuvent venir à quatre, être à l’hôtel ensemble, faire un blitz de quatre semaines, de deux semaines avec nous. Je pense que ça va faire une très, très grande différence. »
ENCORE DES OUBLIÉS
Pour la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS–CSN), l’annonce d’une telle prime révèle à quel point le système de santé a été mis à mal au cours des dernières années.
« Avec des salaires beaucoup trop bas, les établissements ont de la misère à attirer et à retenir du personnel. Si l’actuelle pandémie révèle ces difficultés au grand jour, ce serait une grave erreur de penser qu’elles disparaîtront avec le coronavirus », a réagi le président de la FSSS–CSN, Jeff Begley.
M. Begley a toutefois regretté d’apprendre qu’une partie de la prime ne s’appliquera que pour la région métropolitaine.
Le syndicat constate également que plusieurs secteurs sont laissés dans l’oubli, comme le préhospitalier, le communautaire, les services de garde éducatifs et les institutions religieuses.