Il y a 20 ans, Dédé Fortin nous quittait
La mort tragique du leader des Colocs le 8 mai 2000 a secoué le Québec
Le 8 mai 2000, André Dédé Fortin s’enlevait la vie. Il avait 37 ans. Leader adulé des Colocs, son départ tragique, brutal, allait secouer le Québec. Vingt ans plus tard, des artistes qui l’ont côtoyé se souviennent de l’onde de choc que sa mort avait causée.
« Je pense qu’on ne s’en remet jamais. » Au bout du fil, Mara Tremblay admet être encore troublée par le décès de Dédé Fortin. Pendant deux ans, elle avait joué du violon en tournée avec Les Colocs. « Ç’avait été des années très, très intenses pour moi », dit-elle.
Parce qu’elle souffrait aussi de maladie mentale, elle parlait souvent de ce sujet avec Dédé. « Je comprenais beaucoup de quoi il parlait, dit-elle. On avait de longues discussions là-dessus. On s’était vus la semaine avant qu’il meure. J’ai l’impression que c’était hier. »
C’est le 10 mai que le corps du chanteur avait été retrouvé dans son logement, rue Rachel, à Montréal. Mara Tremblay avait appris la terrible nouvelle… de la bouche d’un journaliste.
« J’étais en train de souper et j’avais reçu un appel. Un journaliste me demandait ma réaction à la suite du décès de Dédé Fortin. J’avais trouvé ça raide… »
Jim Corcoran était le voisin de Dédé, dans ce quartier du Plateau MontRoyal. « Il vivait à quelques maisons de chez moi, en haut de La maison des pâtes fraîches, se souvient-il. Je le croisais souvent dans cet établissement ou dans la rue. Chaque fois, la conversation était bonne et pertinente. »
Jim Corcoran parlait souvent de faire un projet commun avec Dédé. « Je m’en veux, parce que quand j’ai entendu la chanson Le répondeur, je suis parmi ceux et celles qui n’ont jamais laissé de message sur son répondeur. Je ne voulais pas le talonner. Je me disais qu’il devait être sollicité par tout le monde. »
CÔTÉ SOMBRE
Marc Déry a fait partie des Colocs au tout début de l’aventure du groupe, en 1990. « J’avais participé à l’enregistrement du premier démo, avec La p’tite bibitte. [...] Au début, Dédé était funny. Mais plus Les Colocs sont devenus concrets, plus il s’est mis à angoisser. J’avais découvert un gars sombre assez vite. »
« Le suicide, en général, c’est un sujet délicat, dit Mara Tremblay. Il faut en parler. Les chanteurs qui s’enlèvent la vie, ça laisse une empreinte qui est différente sur la musique, mais il faut transformer ça en espoir, en lumière. »
« C’est la leçon à tirer de ces histoires de gens dont on a l’impression qu’ils ont tout pour être heureux, qui ont beaucoup d’attention, comme Dédé avait, poursuit-elle. On ne sait pas ce qu’on aurait pu faire… »