Québec n’écarte pas une réforme
Le lourd bilan des CHSLD va peut-être imposer une nouvelle réforme cinq ans après celle du ministre Barrette
Le premier ministre François Legault n’écarte pas une autre réforme du réseau de la santé, moins de cinq ans après celle de Gaétan Barrette, alors que les CHSLD de la province déplorent plus de 2000 morts, selon le dernier bilan.
« À moyen terme, il va sûrement falloir se poser des questions sur la gouvernance, sur comment rendre ça plus efficace, comment s’assurer que les directives pour limiter les infections soient respectées », a-t-il déclaré hier, en point de presse à Montréal.
Hier, le ministère de la Santé et des Services sociaux a aussi rendu publics, pour la première fois en près de deux semaines, des chiffres détaillés sur l’état de situation dans les CHSLD (voir page 20).
À sa première visite dans la métropole en deux mois, le premier ministre rencontrait les PDG des centres intégrés universitaires de santé et de services sociaux (CIUSSS) et des centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS) de la région de Montréal, épicentre de la pandémie.
PLUSIEURS QUESTIONS
Pourquoi y a-t-il autant de décès ? Pourquoi y a-t-il autant d’infections ? Quelles directives ont été données ? Voilà des questions auxquelles François Legault cherche des réponses, a-t-il affirmé avant la rencontre.
« Mon objectif n’est pas de trouver des coupables, mais de trouver des solutions », a aussi précisé M. Legault.
Il a rappelé que le gouvernement précédent avait regroupé les CHSLD dans de vastes organisations qui incluent, sous un même dirigeant, les hôpitaux et les centres jeunesse, notamment.
« Je ne suis pas un grand partisan d’aller faire trop de brassage de structures, mais comment fait-on pour que la situation que nous avons vécue dans les CHSLD ne se reproduise plus ? » s’est demandé le premier ministre.
François Legault a notamment réitéré son intention de regarder « très sérieusement » la possibilité de rendre publics les CHSLD, dont plusieurs sont sous une gestion privée.
PROBLÈMES CHRONIQUES
« On le savait, qu’il y avait un problème », a-t-il dit à propos de ces établissements, qui étaient nombreux à jongler avec un manque chronique d’employés, dû selon lui à des salaires trop bas.
Présentement, le gouvernement Legault se dit prêt à augmenter de 12 % le salaire des préposés aux bénéficiaires pour rendre cet emploi plus attrayant, mais les négociations achoppent, car des syndicats réclament cette même hausse pour tous les emplois, a-t-il affirmé en anglais pendant le point de presse.
Pour ce qui est d’une nouvelle réforme en santé, M. Legault croit que « le changement le plus important n’a jamais été fait », soit que les personnes avec des problèmes de santé mineurs puissent être soignées auprès de leur médecin de famille plutôt que de se rendre à l’urgence.
Par ailleurs, le millier de militaires déployés dans la province pour épauler une vingtaine de CHSLD y resteront jusqu’au 12 juin. Et Québec lance une vaste opération de dépistage auprès des 48 000 travailleurs en CHSLD afin de dresser un bilan.