Notre relance dépend des États-unis
Si l’économie américaine coule plutôt que de se relever, celle du Québec et du reste du Canada plongera
Quoi qu’on pense du chaos actuel dans l’amérique de Trump, notre succès à sortir de la crise actuelle dépendra en bonne partie du succès des États-unis. Nous devrons apprendre de leurs erreurs et de leurs bons coups.
Il importe peu que le virus ait abouti chez nous via les États-unis, l’europe ou la Chine. Nous sommes tous dans le même bateau.
On ne peut pas blâmer nos voisins américains pour l’ampleur catastrophique que la pandémie a prise chez nous. Le virus a touché des points sensibles de notre société qui n’ont rien à voir avec eux.
Notre retour à la normale ne pourra pourtant pas se faire tant que les États-unis ne parviendront pas à contrôler la pandémie. C’est aussi vrai du point de vue économique.
Même si la plupart des emplois perdus chez nous n’étaient pas directement liés aux exportations, notre reprise dépendra largement d’une relance viable de l’activité économique et de la demande sur le marché américain.
DES LEÇONS À TIRER
Alors que la pandémie sévit durement au Québec, on n’a pas beaucoup de leçons à donner à nos voisins. Il serait quand même souhaitable d’éviter de tomber dans les mêmes pièges qu’eux.
Évidemment, il ne faut pas que le rapport de confiance entre nos dirigeants et la population, essentiel à une gestion efficace de la crise, ne se détériore au même point qu’aux États-unis.
L’expérience américaine montre aussi les problèmes qui peuvent survenir quand les niveaux de gouvernement abordent leurs interventions en temps de crise dans un esprit où la compétition prime sur la coopération.
De plus, alors qu’un grand nombre d’états américains entament le déconfinement, on pourra bénéficier des enseignements de cet immense laboratoire pour départager les solutions qui fonctionnent de celles qui risquent d’empirer les choses.
L’expérience américaine nous signale déjà plusieurs dangers à éviter.
DES RISQUES RÉELS
Aux États-unis, la crise du coronavirus a été infectée par la politique, au point où les consignes de la santé publique sont interprétées de façon radicalement différente par les républicains et les démocrates.
Chez nous, ce genre de politisation n’est pas totalement absent. Il ne faut pas tomber plus loin dans ce piège, car le virus se moque éperdument de nos chicanes idéologiques et partisanes.
Il faudra aussi éviter certaines réactions observées dans la société américaine, où la pandémie a provoqué des comportements xénophobes et des tensions idéologiques.
Non seulement ces attitudes n’aident pas à contenir le virus, mais elles alimentent un cancer social dont on peut fort bien se passer.
LE PLUS GRAND DANGER
Dans le domaine économique, même si le risque d’une remontée du protectionnisme restera présent avec ou sans Trump, le plus grand danger pour le Canada serait un échec de la reprise économique aux États-unis.
Comme les autres grandes crises passées, celle-ci met en évidence la dépendance économique du Canada envers les États-unis. Si les États-unis coulent, le Canada et le Québec couleront avec eux, peu importe les efforts que nous aurons faits pour tenter de diversifier nos échanges.
Dans un contexte où le Canada a besoin des institutions multilatérales pour contrer cette dépendance excessive envers le géant américain, il est impératif pour les dirigeants canadiens de contribuer à éviter que le retrait des États-unis entraîne la fin de ces institutions.
QUÊTE DE LEADERSHIP
Pour le Canada, les alternatives au leadership global des États-unis ne sont pas vraiment satisfaisantes.
Qu’il s’agisse de l’europe, qui n’a pas la cohérence politique nécessaire, ou de la Chine, qui en a un peu trop, un monde où les ÉtatsUnis renoncent au leadership global est un monde où le Canada peut difficilement tirer son épingle du jeu.
Bien sûr, ce serait moins difficile si les Américains élisent un président qui n’est pas déterminé à abandonner ce leadership. Si Donald Trump est réélu, le Canada devra redoubler d’efforts et d’imagination pour que les ponts entre les États-unis et le reste du monde ne soient pas définitivement coupés.
Ce serait tout un défi.