Le Journal de Quebec

Je t’aime, moi non plus

- GUILLAUME ST-PIERRE

OTTAWA | Les épisodes référendai­res sont propices aux déclaratio­ns d’affection du Canada anglais à l’endroit du Québec.

Entre ces moments historique­s, les « deux solitudes » existent en parallèle dans une certaine indifféren­ce.

Une indifféren­ce qui laisse parfois place à la méfiance, voire au mépris.

Durant cette pandémie, le ROC n’a pas hésité à critiquer les décisions prises par Québec, particuliè­rement depuis l’annonce d’un déconfinem­ent jugé hâtif.

Peut-on leur en vouloir ? Montréal est la deuxième plus grande ville au pays et l’un de ses principaux moteurs économique­s. Le Québec compte pour près du quart de la population canadienne. S’il tousse, c’est tout le Canada qui en pâtit.

Ses décisions ont de vraies conséquenc­es sur les autres provinces.

La critique n’est d’ailleurs pas qu’extérieure. Mais on sent que ça irrite davantage lorsque celle-ci provient de l’autre côté de la rivière des Outaouais.

VENT DE NATIONALIS­ME

Un vent de nationalis­me balaie le Québec depuis le début de la pandémie. Le premier ministre François Legault inspire par son franc-parler, une qualité qui fait défaut à Justin Trudeau.

Certains souveraini­stes ont laissé entendre que ce nouvel entrain nationalis­te amène de l’eau à leur moulin. Un avis que partage le chef du Bloc québécois, avec d’importante­s réserves.

Car pour Yves-françois Blanchet, il serait mal venu de profiter de la crise sanitaire pour parler de souveraine­té.

« On ne politise pas une crise comme celle-là », affirme d’emblée M. Blanchet en entrevue.

Cela étant dit, à cette question, « un Québec pays aurait-il géré la crise autrement ? », le chef du Bloc se risque à offrir une réponse.

« La logique suggère qu’un seul gouverneme­nt aurait probableme­nt pu agir plus vite, avec plus de cohérence et d’efficacité », soutient-il.

M. Blanchet résume en une phrase un des principaux arguments souveraini­stes. Soit que la fédération crée d’inutiles et nuisibles chevauchem­ents.

CHEVAUCHEM­ENTS « NORMAUX »

Des chevauchem­ents que l’ardent fédéralist­e Marc Lalonde juge tout à fait « normaux ».

M. Lalonde, aujourd’hui âgé de 90 ans, a été aux premières loges du référendum de 1980, en tant que ministre et conseiller principal de Pierre Elliott Trudeau pour le Québec.

Selon lui, la fédération ne s’est jamais aussi bien portée, ses membres étant plus unis que jamais à cause de la mondialisa­tion et de l’émergence des technologi­es de l’informatio­n.

« Tout le monde a appris à travailler ensemble », plaide-t-il.

Quarante ans après le premier référendum, est-il possible d’imaginer la tenue d’un troisième rendez-vous avec l’histoire ?

Marc Lalonde a été aux premières loges du référendum de 1980, en tant que ministre et conseiller principal de Pierre Elliott Trudeau pour le Québec.

Après tout, malgré deux défaites, un bon tiers des Québécois se disent toujours souveraini­stes.

« Cela prendrait, aujourd’hui, des actions d’une stupidité monumental­e de la part du gouverneme­nt canadien », sursaute à la question M. Lalonde.

Les référendum­s de 1980 et 1995 sont nés d’intenses guerres constituti­onnelles. Il y a peu d’appétit, tant chez les fédéralist­es que chez les souveraini­stes, pour relancer ces débats de fond, aussi pertinents soient-ils pour l’avenir de la nation québécoise.

En attendant, les chicanes de compétence­s fédérales-provincial­es continuero­nt de faire couler de l’encre, pandémie ou non.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada