Le Journal de Quebec

Une pagaille contagieus­e

- RICHARD LATENDRESS­E Richard.letendress­e@quebecmedi­a.com

Se mettre d’accord ? Accepter un compromis ? Oubliez ça ! Toutes les raisons sont bonnes pour en découdre aux États-unis. On doute, on se méfie, on critique. On ne discute plus, on s’insulte. Le coronaviru­s n’a fait qu’ajouter au trouble. En temps normal, les Américains ont toutes les peines à trouver un terrain d’entente. Ça ne date pas d’hier, bien sûr, mais plus moyen, apparemmen­t, de convenir du moindre accommodem­ent.

Barack Obama était pourri? Donald Trump est pire encore! Une nouvelle tuerie? La moitié du pays veut un contrôle plus serré des armes à feu, l’autre fait des stocks en prenant d’assaut les magasins d’armes. Multipliez cela cent fois, mille fois par semaine et vous faites face à un gouffre de mésentente dans lequel s’est propagée la COVID avec le taux de contaminat­ion qu’on lui connaît. L’indécision devenue une faiblesse, vous avez les républicai­ns d’un côté et les démocrates de l’autre.

ENTRE AUDACE ET RETENUE

Alors que le Tennessee et son gouverneur républicai­n s’apprêtent à rouvrir les cinémas, les parcs d’attraction­s et les musées – après avoir levé les limites de clientèle dans les restaurant­s et les commerces –, le gouverneur démocrate du New Jersey n’a pas l’intention, lui, de mettre fin au confinemen­t avant le 5 juin.

L’arkansas et le Dakota du Sud font partie des rares États à avoir enregistré une hausse des cas au cours des derniers jours, pourtant leurs gouverneur­s – républicai­ns – ont refusé, dès le début de la crise, d’encourager leurs citoyens à rester chez eux.

À l’inverse, les gouverneur­s démocrates de New York, du Michigan, de l’illinois et de la Californie ont résisté aux pressions, voire aux menaces, et ne rouvrent leurs États que par étapes, par régions et avec énormément de prudence.

DU SOMMET DE L’ÉTAT AU SIMPLE CITOYEN

Les sondages, les uns après les autres, montrent que les républicai­ns s’isolent moins, maintienne­nt moins leur distance physique, portent moins le masque et évitent moins les endroits publics que les démocrates. Ce n’est pas moi, c’est eux qui le répètent encore et encore.

On généralise, c’est sûr, mais lorsqu’interrogés, plus de républicai­ns que de démocrates avouent avoir continué à fréquenter leurs amis et s’être rendus dans les magasins restés ouverts. Les démocrates sont tout simplement plus inquiets.

Ils ont deux fois plus peur que les républicai­ns d’être infectés, doutent que la situation s’améliore et croient – beaucoup plus que leurs adversaire­s politiques – que des vies ont été sauvées par les mesures de confinemen­t et de distanciat­ion.

LA FAUTE À QUI, VOUS PENSEZ ?

Joseph Uscinski, professeur de science politique à l’université de Miami et auteur de American Conspiracy Theories, racontait en podcast récemment que les gens ayant tendance à croire dans un quelconque complot s’alignent souvent sur ce qu’en disent les leaders qu’ils admirent.

Ces jours-ci, Donald Trump répète qu’on lui a volé « la meilleure économie de l’histoire américaine » et il appelle, avec de plus en plus d’insistance, à la reprise des activités au pays.

Ceux qui résistent sont soupçonnés non pas de précaution exagérée, mais de chercher à nuire à ses chances de réélection. Les démocrates tournent l’idée au ridicule ; les républicai­ns y donnent de plus en plus de crédit. Bonjour la bisbille!

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