Le Journal de Quebec

800 000 personnes massacrées entre avril et juillet 1994

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PARIS | (AFP) Le génocide commis en 1994 au Rwanda, à l’instigatio­n du régime extrémiste hutu alors au pouvoir, a fait environ 800 000 morts entre avril et juillet 1994, essentiell­ement parmi la minorité tutsie, mais aussi chez les Hutus modérés, selon L’ONU.

Le soir du 6 avril 1994, l’avion du président rwandais hutu, Juvénal Habyariman­a, de retour d’arusha (Tanzanie) où se tenaient des négociatio­ns de paix avec la rébellion du Front patriotiqu­e rwandais (FPR, à majorité tutsie, aujourd’hui au pouvoir), est abattu au-dessus de Kigali.

Dans les heures qui suivent, plusieurs ministres, accusés de collusion avec le FPR, sont tués. La première ministre, Agathe Uwilingiyi­mana, est assassinée par des militaires, de même que dix Casques bleus belges de la Mission d’observatio­n des Nations unies (Minuar) chargés de la protéger.

LISTES DE PERSONNES À TUER

Commencent alors les massacres à grande échelle. Les Tutsis sont accusés par le pouvoir, alors dominé par les Hutus, de collusion avec la rébellion du FPR venue d’ouganda.

Des listes de personnes à tuer sont établies par les autorités. Leurs bras armés, les milices hutues Interahamw­e et les Forces armées rwandaises (FAR), massacrent les Tutsis, ainsi que les Hutus opposés au parti d’habyariman­a et ceux qui refusent de participer aux tueries.

Les massacres s’étendent à tout le pays. Hommes, femmes et enfants sont exterminés à coups de machettes, déchiqueté­s par les grenades et les obus, dans les rues, chez eux, et même dans les églises et les écoles où ils s’étaient réfugiés. La population, encouragée par les autorités et des médias, prend largement part aux massacres.

EFFECTIFS RÉDUITS

La communauté internatio­nale reste paralysée. Le 21 avril, au plus fort des massacres, L’ONU décide, pour des raisons de sécurité, de réduire radicaleme­nt l’effectif de la Minuar, de 2300 à seulement 270 hommes.

Le 28 avril 1994, la branche belge de l’organisati­on Médecins sans frontières (MSF) affirme qu’un véritable génocide est en cours.

Le 4 juillet, le FPR s’empare de Kigali, mettant fin au génocide. Cette victoire déclenche un exode de centaines de milliers de Hutus, sur fond d’opération militaro-humanitair­e Turquoise, menée par la France. Celle-ci sera accusée par le FPR de vouloir sauver le régime et les auteurs du génocide.

Le 8 novembre, L’ONU crée un Tribunal pénal internatio­nal pour le Rwanda à Arusha (Tanzanie). En 1998, il prononce ses premières peines de réclusion à perpétuité. Ses décisions constituen­t la première reconnaiss­ance du génocide contre la minorité tutsie rwandaise par la justice internatio­nale.

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