Le Journal de Quebec

L’attente du soldat

La patience de Sébastien Bouchard mise à rude épreuve loin du ring

- STÉPHANE CADORETTE

Sur la route de Sébastien Bouchard vers l’atteinte de son plein potentiel entre les câbles, les embûches s’accumulent. Après les blessures des dernières années et la COVID-19 qui ont mis ses rêves en veilleuse, l’attente de jours meilleurs le gruge. « Je suis écoeuré que ma carrière soit sur pause, mais je suis loin d’être écoeuré de la boxe », lance le battant.

Les temps sont longs pour le boxeur de Baie-saint-paul, même s’il apprécie le temps passé en compagnie de sa douce moitié et de sa puce de deux ans, sur son grand terrain à L’ange-gardien, près de Québec.

« C’est tranquille pas mal. Je fais un peu de course dehors et je tape sur le sac dans la cave. C’est juste du maintien, pour ne pas partir de trop loin quand ça va recommence­r », confie-t-il au bout du fil.

Mais justement, la grande question… Quand la boxe pourra-t-elle revivre ? Le retour de L’UFC, à huis clos le week-end dernier à Jacksonvil­le, sème une parcelle d’espoir au sein des adeptes de sports de combat. Pour Bouchard (18-2, 8 K.-O.) comme pour plusieurs autres, l’attente d’une date de reprise des activités dans l’arène s’avère toutefois interminab­le.

« Georges St-pierre a souvent dit qu’il carburait à l’entraîneme­nt, mais que s’il avait pu, il ne se serait pas battu. Moi, c’est l’inverse. L’entraîneme­nt, c’est un passage obligé. Je voudrais juste me battre. Quand j’ai une date de combat devant moi, la motivation reprend et je ne suis plus arrêtable. Avec une mission devant moi, je suis un soldat. En ce moment, avec des peut-être et des si, il y a trop d’incertitud­e », déplore-t-il.

PRÊT « N’IMPORTE QUAND »

Bouchard n’est pourtant pas du type à rechigner à l’ouvrage, lui qui a besogné pendant une dizaine d’années dans la constructi­on et pendant cinq ans au port de Québec, période durant laquelle il a mené de front sa carrière dans l’arène.

C’est pourquoi il ne demande pas mieux qu’un retour à la compétitio­n, même si le contexte sanitaire actuel complique ses plans.

« Je suis prêt à me battre n’importe quand. Oui, dans la boxe il y a des contacts et des corps à corps, mais par rapport aux sports d’équipe, le nombre de personnes impliquées dans un combat est réduit. Les risques de contaminat­ion croisée sont minimes.

« En attendant, je respecte les recommanda­tions (de la santé publique), mais je le fais pour protéger nos aînés. Moi, par rapport à tout ça, je suis loin d’être hystérique », mentionne-t-il en toute franchise.

En 2017, Bouchard n’a disputé qu’un combat en raison d’une blessure au biceps droit. En novembre dernier, tandis qu’il se battait pour deux titres NABA, c’est son biceps du côté gauche qui a lâché au quatrième round. Entre-temps, une blessure à la coiffe du rotateur l’avait privé de combats pendant près d’un an.

CONSCIENT DE SA RÉALITÉ

À 33 ans, Bouchard n’a plus l’éternité devant lui, « mais je ne me sens pas usé », précise-t-il.

« Je n’ai jamais autant parlé avec Yvon (Michel) que présenteme­nt et comme promoteur, il connaît mon potentiel. Je n’ai clairement pas encore atteint mon top. Je suis pleinement conscient que je n’ai pas le talent des grands champions, mais je suis un travaillan­t, un Éric Lucas.

« Aussitôt que ça va reprendre, je vais décoller. En attendant, je ne vis pas au-dessus de mes moyens, mes commandita­ires continuent de m’appuyer et j’ai fait de bons investisse­ments dans ma jeunesse. Au moins, j’ai la paix dans ma maison dans le bois et je vois grandir ma fille. Ma force a toujours été mon moral », résume-t-il.

Avant sa dernière déveine, Bouchard avait remporté ses dix derniers duels, dont les trois derniers par K.-O. Il vise un combat de remise en forme avant de pouvoir de nouveau s’attaquer à une ceinture.

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PHOTO D’ARCHIVES, DIDIER DEBUSSCHÈR­E Sébastien Bouchard lors d’un entraîneme­nt public au Centre Vidéotron, en novembre 2019.

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