Le Journal de Quebec

Un départ main dans la main

Aide médicale à mourir

- ANTOINE LACROIX

Un couple de Lanaudière follement amoureux depuis près d’une trentaine d’années mais devenu gravement malade est parti main dans la main, grâce à l’aide médicale à mourir, lors de la fête des Mères.

« Oui, on était triste de perdre un parent, on avait de la peine. Mais en même temps, on tient à eux et on ne veut pas qu’ils souffrent. Ils ne souffrent plus maintenant, ça s’est fait tout en douceur », raconte Serge Gendreau, fils de la défunte.

Au début juin, ça aurait fait 30 ans que Thérèse Daigle et Réal Houde étaient ensemble. Mais la vie en a décidé autrement.

Depuis deux ans, la femme de 74 ans souffrait d’une fibrose pulmonaire sévère en raison d’une bactérie. Son conjoint de 80 ans était atteint de sclérose latérale amyotrophi­que. Il y a plus de quatre ans, la maladie lui avait notamment volé sa voix, il souffrait et il ne pouvait s’exprimer que par signes ou par écrit.

« Ils recevaient beaucoup d’aide à la maison, soit du CLSC, soit par les enfants de Mme Daigle, et aussi de ma soeur. Mais la qualité de vie s’amenuisait au fil du temps », raconte Ghislain Houde.

Ça faisait plusieurs mois que les deux aînés songeaient à se tourner vers l’aide médicale à mourir, en raison de leur condition respective qui ne faisait que se dégrader.

« Ça n’a pas été fait sur un coup de tête. Ils ne voulaient pas arriver à un point où ils n’étaient plus capables de prendre la décision », souligne Ghislain Houde.

GROS CHOC

Si Mme Daigle en parlait ouvertemen­t depuis un bon moment, ç’a tout de même été un « gros choc » à absorber pour la famille de M. Houde. L’octogénair­e lui a appris sa dernière volonté deux jours avant la date de la procédure, dans une lettre lue par une travailleu­se sociale.

« Il a attendu que les papiers soient signés. Mais c’est ça que les deux voulaient, on l’a accepté », explique son fils.

Pas un regret n’est venu troubler la décision des amoureux, eux qui assuraient avoir vécu « une belle vie ».

« Ils étaient très actifs avant, ils ont voyagé en masse. Ils sont allés dans le sud, en Europe. Ils allaient à la pêche aussi, à la Baie-james. C’étaient de bons vivants », se rappelle Serge Gendreau.

En raison des circonstan­ces exceptionn­elles, les deux familles se sont permis une entorse aux règles de santé publique imposées en raison de la COVID-19. Ils ont organisé un souper d’adieu et étaient présents dans les derniers moments.

« On a tout de même fait attention, mais on voulait être là pour la fin. Malgré tout, l’ambiance était dans la joie. On ne voulait pas voir ça négativeme­nt », dit Ghislain Houde.

DÉLIVRANCE

Puis est arrivé le moment que tous redoutaien­t, mais « nécessaire ».

« Ils étaient dans leur lit, un à côté de l’autre. Ils se sont tenu la main jusqu’à la fin, ils ne se la sont jamais lâchée. Puis ils sont partis en même temps, relate Serge Gendreau. Ma mère ne voulait pas partir la journée de la fête des Mères. Je lui ai dit que c’était le plus beau cadeau qu’elle pourrait se faire: la délivrance. »

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 ?? PHOTO COURTOISIE ?? Ensemble depuis près de 30 ans, Thérèse Daigle et Réal Houde ont eu une belle vie et ont eu l’occasion de voyager avant de se tourner vers l’aide médicale à mourir.
PHOTO COURTOISIE Ensemble depuis près de 30 ans, Thérèse Daigle et Réal Houde ont eu une belle vie et ont eu l’occasion de voyager avant de se tourner vers l’aide médicale à mourir.

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