Le Journal de Quebec

Des bénéficiai­res peinent à voir le bout du tunnel

- ÉTIENNE PARÉ

À l’heure où le reste du Québec commence à souffler un peu, des résidents en CHSLD sont toujours soumis à un strict confinemen­t et en ont marre.

Même s’il passe le plus clair de son temps dans sa chambre, ça n’a pas échappé à Daniel Pilote que le beau temps est parmi nous depuis quelques jours. Mais ce n’est pas demain la veille qu’il pourra en profiter.

« L’après-midi, j’ai l’habitude d’aller me promener sur le bord de la rivière Richelieu. C’est la seule fois où je peux m’évader. Mais en ce moment, le plus loin où je peux aller, c’est la cour du CHSLD », a raconté M. Pilote, qui habite au Centre d’hébergemen­t Champagnat, à Saint-jean-sur-richelieu, en Montérégie, depuis six ans.

UN PEU DE LOUSSE

Atteint de dysmorphie musculaire, une maladie dégénérati­ve qui le cloue à son fauteuil roulant, il est bien conscient que les autorités devaient prendre des mesures exceptionn­elles pour éviter la propagatio­n de la COVID-19. Son CHSLD a d’ailleurs été épargné par le virus jusqu’à présent.

Or, après plus de deux mois, il pense qu’on devrait laisser un peu de lousse aux résidents semi-autonomes, comme lui.

« Quand je vais me promener, je reste toujours loin des gens. Je ferais probableme­nt plus attention que le commun des mortels. […] On parle beaucoup de mourir dans la dignité, mais moi, je veux vivre dans la dignité », a insisté M. Pilote, qui tente de garder le sourire.

Au Centre d’hébergemen­t de l’hôpital de Sainte-anne-de-beaupré, dans la région de Québec, Jonathan Marchand ne partage pas cet enthousias­me.

À 43 ans, voilà huit ans qu’il côtoie au quotidien des aînés atteints de démence ou d’autres problèmes de santé très lourds.

Celui qui vit aussi avec la dysmorphie musculaire dit ne jamais avoir été autant confronté à la détresse que maintenant. Dans son CHSLD, qui n’a pas non plus été touché par le virus, c’est le confinemen­t qui tue.

SE LAISSER ALLER

« Sans contact avec ses proches, j’ai vu un homme qui s’est laissé aller. Il est aujourd’hui aux soins palliatifs. Il va falloir plus de ressources pour la santé mentale », a imploré le président de l’organisme Coop Assist, qui prône le maintien à domicile des personnes à mobilité réduite.

Depuis que les proches aidants peuvent à nouveau venir voir les résidents, l’ambiance est un peu plus saine.

« Pour que le confinemen­t soit un peu levé, il faudrait qu’on ait les capacités de tester les employés et les résidents toutes les semaines. Et il faudrait que les employés arrêtent de se promener d’une aile à une autre », a dit M. Marchand.

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