Des centres-villes transformés ?
Comme dans plusieurs grandes villes, le télétravail pourrait modifier le portrait des artères commerciales d’ici
LE JOURNAL | Forcés d’adopter massivement le télétravail en raison de la pandémie, des employeurs pourraient être tentés de ne jamais revenir en arrière, ce qui pourrait changer le portrait du centre-ville et des artères commerciales de Québec.
« Il y a des entreprises qui ne croyaient pas du tout au télétravail qui, finalement, découvrent que c’est une option intéressante », remarque Étienne Cummings, directeur des relations publiques et des affaires gouvernementales de la Chambre de commerce et d’industrie de Québec.
Selon lui, des employeurs de la région de Québec ont amorcé une réflexion sur la place qu’ils veulent accorder au télétravail une fois la tempête passée.
« Je ne suis pas prêt à dire que les entreprises vont fermer leurs bureaux et qu’ils vont, du jour au lendemain, tomber toutes en télétravail ; par contre, c’est clairement une option qui est envisageable », indique-t-il.
TROP TÔT, DIT LA CAPITALE
Du côté de La Capitale Assurance et services financiers, on fait savoir qu’il est trop tôt pour dire si le télétravail pourrait s’ancrer de manière plus durable dans les façons de faire de l’entreprise, qui emploie environ 2000 personnes dans la grande région de Québec.
Toutefois, « il y avait une certaine flexibilité pour le télétravail avant la pandémie » et « c’est certain que, probablement […], les possibilités vont être élargies après la pandémie », suggère Jean-pascal Lavoie, conseiller en relations avec les médias et affaires publiques du groupe.
À l’heure actuelle, à cause de la pandémie, 97 % des employés de La Capitale travaillent de la maison au Québec. L’organisation demeure fonctionnelle « à 100 % », même si ce n’est pas toujours « idéal », constate M. Lavoie.
Jonathan Ollat, président d’action promotion Grande Allée, pense aussi que la tendance du télétravail est inévitable et que cela pourrait affecter des restaurateurs qui comptent une importante clientèle d’affaires.
« C’est sûr que ça aurait une influence sur les midi, mais je ne pense pas, par contre, que dans les faits, les budgets [des clients pour leurs dépenses dans les restaurants] vont vraiment diminuer. Est-ce qu’on aura
10 clients de moins le midi, puis 10 de plus en soirée ? », se demande-t-il.
À MONTRÉAL
Pendant ce temps, à Montréal, la réorganisation du travail dans de grandes entreprises est déjà en marche au centre-ville.
Avec sa tour du boulevard Maisonneuve, désertée à 95 % en temps de pandémie, la firme KPMG anticipe déjà qu’un bon nombre de ses employés demanderont de travailler à domicile de façon permanente.
« La configuration de [nos] bureaux sera vraisemblablement différente, avec plus d’espace entre les personnes, des salles de réunion plus grandes, etc. Conséquemment, même avec moins d’employés au bureau, la superficie de l’espace occupé risque d’être la même », estime Benoit Lacoste Bienvenue, associé directeur pour la province de Québec chez KPMG.
Son de cloche comparable à la tour Sunlife, où l’on calcule une proportion d’environ 98 % de télétravailleurs à l’heure actuelle. Le retour des employés sera « facultatif et basé sur leurs besoins individuels », assure Mylène Bélanger, conseillère principale en relations publiques.
BOULEVERSEMENTS À NEW YORK
D’autres grandes villes comme New York vivent des bouleversements semblables dans leurs quartiers d’affaires. Dans Manhattan, des compagnies comme Barclays, Nielsen et Halstead ont aussi annoncé qu’elles pourraient accueillir moins d’employés dans leurs bureaux, rapportait le New York Times.
Éventuellement, ceux-ci n’auraient qu’à se présenter pour des rencontres essentielles plutôt que de se déplacer matin et soir pour effectuer des tâches qu’ils peuvent accomplir à la maison.