Le Journal de Quebec

Étudiants découragés par les cours en ligne

Des jeunes du cégep et de l’université songent à ne pas retourner sur les bancs d’école

- MYRIAM LEFEBVRE

Les problèmes financiers causés par la crise sanitaire et la crainte de suivre des cours en ligne poussent certains étudiants à remettre en question leurs études.

Andréanne Larose, 22 ans, ne sait pas encore si elle poursuivra ses études à l’université Laval, l’automne prochain.

« Ma plus grande inquiétude, ce serait que la session se donne à 100 % en ligne, mentionne-t-elle. J’ai été diagnostiq­uée il y a plusieurs années avec un trouble du déficit de l’attention. J’ai également une grande suspicion de dyslexie […]. C’est difficile puisque ma gestion du temps, ce n’est pas ma meilleure alliée. »

Andréanne Larose n’est pas seule à mûrir sa réflexion puisque 30 % des anciens et nouveaux étudiants postsecond­aires pourraient se désister et ne pas retourner sur les bancs d’école en raison de la pandémie, selon un sondage de l’associatio­n canadienne des professeur­es et professeur­s d’université publié ce mois-ci.

APPRENDRE À FILMER SANS CAMÉRA

L’enjeu des apprentiss­ages en ligne est d’autant plus frappant pour les étudiants dans des programmes où les exercices pratiques sont requis pour suivre la formation.

Parmi eux, il y a Karim Seghir Bakir et Frédérik Beaudry, tous deux en production télévisuel­le au cégep de Jonquière, qui appréhende­nt difficilem­ent la prochaine année scolaire.

« On travaille dans des studios. Le fait de rendre ça complèteme­nt théorique, ça n’a aucun bon sens », dit Frédérik Beaudry, qui devait transposer à l’écrit les étapes d’utilisatio­n de l’équipement audiovisue­l du cégep plutôt que d’en faire l’utilisatio­n.

« Tant qu’à regarder des capsules vidéo des profs, je vais faire ma technique sur Youtube. Je vais regarder des tutoriels et ça va faire la même affaire », renchérit celle qui n’aurait pas reconduit le bail de son appartemen­t de Jonquière, où elle loge pour ses études, sachant que la prochaine session pourrait se dérouler à distance.

DUR POUR LE PORTEFEUIL­LE

« Financière­ment, ça risque d’être quand même dur, explique pour sa part Karim Seghir Bakir. Ils [les dirigeants des établissem­ents] veulent que l’on continue à payer nos frais de scolarité normalemen­t, alors qu’on n’a plus nos emplois d’été et que la qualité de l’enseigneme­nt est quand même diminuée. »

Avec un horaire de cours de plus de 40 heures par semaine, Karim Seghir Bakir ne sait comment il pourra subvenir à ses besoins durant la prochaine année.

La prestation canadienne d’urgence est loin d’égaler la somme qu’il amasserait avec son travail d’été, aussi incertain pour le moment.

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PHOTOS COURTOISIE Frédérik Beaudry et Karim Seghir Bakir (en mortaise) étudient en production télévisuel­le. L’idée de poursuivre leur formation technique en ligne ne les enchante pas.

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