Le géant américain Boeing dramatiquement affaibli par la pandémie
NEW YORK | (AFP) Foudroyé par la pandémie, Boeing s’est retrouvé en mars dans une position humiliante pour ce symbole de la puissance des États-unis: il a cherché à lever des fonds sur les marchés afin de financer ses opérations durement éprouvées. Sans succès.
Si par la suite il a réussi à se faire prêter 25 milliards de dollars par des investisseurs privés, cet épisode douloureux a montré que l’avionneur est confronté à une nouvelle ère en 103 ans d’histoire: il n’est plus le mastodonte infaillible qui a dominé l’aéronautique pendant des décennies.
Les annulations de commandes s’accumulent pour l’avion vedette 737 MAX, cloué au sol depuis plus d’un an après deux accidents ayant fait 346 morts et des révélations qui ont terni durablement l’image du constructeur, tandis que l’appétit pour le 787, son dernier aéronef révolutionnaire, a considérablement diminué.
L’avenir du géant de Seattle, qui représente environ 1 % du PIB de la première économie du monde, s’est encore assombri face à une crise sanitaire qui a décimé le transport aérien mondial et la concurrence sans pitié de son rival européen Airbus.
SURVIE MENACÉE
« Boeing a de sérieux défis financiers » à relever, estime Stan Sorscher, ancien ingénieur chez le constructeur et aujourd’hui à la retraite. « Le trafic aérien s’est effondré, les avions sont cloués au sol, les compagnies aériennes clientes n’ont pas besoin de nouveaux avions et les capacités des fournisseurs de sa chaîne d’approvisionnement sont remises en question. »
Scott Hamilton, expert chez Leeham, va plus loin : « Le grand défi actuel de Boeing est de survivre ».
Et le nouveau patron, arrivé en catastrophe en janvier, admet le terrain perdu.
« Il ne fait aucun doute que les problèmes du MAX, les accidents, nous ont enfoncés et nous ont ramenés en arrière d’environ deux ans », a déclaré David Calhoun le 8 mai sur la chaîne Fox Business Network.
Même si le géant aéronautique conserve une grande influence politique – ses programmes d’armements ont enregistré quelques beaux succès quand la division civile s’enfonçait dans la crise – il lui faut reconstruire sa réputation, ternie par une succession de révélations assassines sur sa culture interne, qui a conduit à des dysfonctionnements lors du développement du 737 MAX.