Le Journal de Quebec

Guidetélé Ces acteurs qui volent la vedette

Plusieurs ont su se démarquer à l’écran dans des rôles de soutien

- SANDRA GODIN,

La dernière saison télévisuel­le nous a donné un lot d’excellente­s séries à écouter en rafale. Alors que la parole est souvent donnée aux acteurs des personnage­s principaux, nous avons voulu braquer les projecteur­s sur des rôles de soutien qui ont marqué le petit écran récemment. Du touchant Mehdi Bousaidan dans Mon fils, à l’inattendue Chantale Fontaine dans C’est comme ça que je t’aime, cinq comédiens nous parlent de leur rôle de soutien qui ont surpris les téléspecta­teurs.

LINDA SORGINI (ESTHER DELORME, CEREBRUM)

Linda Sorgini a eu les cheveux teints d’un rouge flamboyant pendant trois mois pour jouer le personnage d’esther

Delorme dans Cerebrum. La dernière fois qu’elle avait fait une telle chose, c’était dans Bonheur d’occasion, il y a quarante ans, mentionne-t-elle.

« J’ai offert à Richard Blaimert (l’auteur), de me changer la tête. Parce qu’on a rarement le temps de le faire quand on a d’autres rôles », dit-elle.

La chevelure rouge feu d’esther

Delorme représente bien la personnali­té excessive du personnage. Actrice déchue, elle souffre d’érotomanie, c’est-à-dire qu’elle est persuadée d’être aimée par quelqu’un, dans ce cas-ci son psychiatre Henri Lacombe (Claude Legault).

Cette pathologie de la maladie mentale a été exploitée bien rarement à l’écran. Le personnage a amené Linda Sorgini à jouer autant des scènes de crise intenses que d’autres à l’opposée où elle chante sur scène, lucide. Linda Sorgini aborde avec justesse et délicatess­e la maladie mentale, sans jamais tomber dans l’exagératio­n.

Il faut la voir s’amouracher de son psychiatre et embrasser les photos de lui qui tapissent le mur de sa chambre. L’actrice y est fabuleuse. « C’est un rôle très touchant, un personnage extraordin­aire. C’est vraiment un beau cadeau. Mais on ne peut jamais deviner que ça va surprendre autant les gens », laisset-elle tomber.

CHANTAL FONTAINE (JEANNINE, C’EST COMME ÇA QUE JE T’AIME)

Il faut quelques scènes avant que l’identité de la comédienne qui joue la femme du caïd de Sainte-foy dans C’est comme ça que je t’aime nous saute au visage, tellement la transforma­tion est étonnante. « Il y a même des gens sur le plateau qui ne me reconnaiss­aient pas », confie Chantal Fontaine.

La décomplexé­e et déjantée Jeannine, au décolleté plongeant et aux cheveux crêpés façon année 70 - « la coiffure, c’est mon idée », précise la comédienne, qui s’est inspirée de Brigitte Bardot – contraste avec les femmes fortes, droites et contempora­ines que Chantal Fontaine est reconnue pour jouer.

« Ce n’est pas à moi qu’on pense pour jouer ces personnage­s-là habituelle­ment », se désole-t-elle.

Le rôle lui a été offert par le réalisateu­r Jean-françois Rivard. « On s’était jasé et je lui disais que j’aimerais m’éclater, jouer autre chose, un personnage de compositio­n. Il m’a proposé Jeannine, je n’ai rien lu et j’ai dit go. »

Elle ne s’est pas fait prier pour enfiler le bikini, changer sa coiffure, et même abuser du « spraytan » pour donner la réplique à René Richard Cyr, qui lui aussi mérite un clin d’oeil avec la grande majorité de ses scènes tournée en « speedo ». « J’ai tellement trouvé ça audacieux de nous mettre nous deux pour jouer un couple. »

MEDHI BOUSAIDAN

(RAÏD BOUHIDEL, MON FILS)

Quand on écoute la scène poignante où son personnage raconte, les larmes aux yeux, les abus sexuels dont il a été victime lorsqu’il était enfant, il est surprenant d’apprendre que l’humoriste Mehdi Bousaidan joue, dans Mon Fils, son premier rôle dramatique, tant son interpréta­tion est juste.

Qu’a-t-il fait pour décrocher ce rôle d’un jeune poqué dépendant aux drogues ? Passer une nuit blanche la veille de l’audition pour avoir l’air « le plus magané possible », raconte-t-il.

« L’audition était vers midi. J’étais tellement fatigué, j’avais bu trois cafés. J’étais nerveux, je n’étais pas bien dans mon corps, et je suis allé comme ça. »

S’il est arrivé à jouer quelqu’un qui a l’air aussi amoché, c’est qu’en réalité, Mehdi Bousaidan était réellement très fatigué durant le tournage, puisqu’il tournait à ce moment cinq séries en même temps. « Finalement, ça fitait tellement avec le personnage », confie-t-il.

Et comment quelqu’un qui n’a jamais joué le drame arrive-t-il à pleurer ? « Je pense à des événements tristes de ma vie jusqu’au tournage. Mais après, c’est dur de se sortir de cet état d’esprit. Moi, ça m’a pris deux, trois jours. Mais ça fait longtemps que je n’avais pas autant tripé à faire quelque chose que je ne connais pas. »

XAVIER HUARD

(ALAIN TURGEON, LA FAILLE)

Dans les premiers épisodes de La faille, l’enquêteur Alain Turgeon est un homme plutôt réservé, pas totalement en retrait de l’histoire, mais disons qu’il n’y a rien pour écrire à sa mère.

Comme d’autres personnage­s secondaire­s de la série, on le sous-estime au départ, mais plus l’histoire avance, plus on découvre sa profondeur. « C’est un personnage qu’on a construit détail par détail avec le réalisateu­r Patrice Sauvé. On lui a développé un vocabulair­e, on est allé loin dans le travail. On a fait des rencontres dans le but d’arriver à ce personnage-là », dévoile son interprète Xavier Huard.

« C’est un personnage que j’ai décidé d’aller explorer par sa fragilité, ajoute-t-il. C’est ce que je tente d’exposer en premier lieu. C’est quelqu’un qui aimerait se sentir parmi les autres, mais il n’y arrive pas. »

L’acteur a eu à jouer des scènes « extrêmes », dit-il, dans lesquelles il s’est laissé porter par l’adrénaline. « Les journées après ces tournages-là, je n’étais pas capable de sortir du lit tellement c’était physique. Mais c’est ça qui est le fun, c’est d’aller au bout d’un personnage. C’est un privilège. »

BRIGITTE LAFLEUR (KATHLEEN CHARRON, FAITS DIVERS)

Le rôle de Kathleen Charron, incarné par Brigitte Lafleur dans la 3e saison de

Faits divers,

n’est rien de moins que du bonbon.

À l’autre bout du fil, la comédienne est de cet avis. Elle peine à contenir son enthousias­me pour ce rôle « cadeau » d’une adepte d’ufologie qui croit dur comme fer que ce sont les extraterre­stres qui sont venus enlever son mari dont elle vient d’apprendre le décès. Elle croit ellemême avoir été enlevée il y a quelques années.

« Je voulais ce rôle-là comme on veut un enfant », dit-elle en éclatant de rire à l’autre bout du fil.

La comparaiso­n est exagérée, concède-t-elle, mais ça illustre à quel point elle y tenait. « Je savais que ce n’est pas le genre de rôle que je vais retrouver demain matin ».

À l’écran, le déséquilib­re du personnage se reflète jusque dans les traits de la comédienne, dont le regard est possédé par la folie. Pour arriver à jouer une telle chose, Brigitte Lafleur estime qu’il faut soi-même y croire un tout petit peu.

« J’ai au moins essayé de comprendre comment quelqu’un peut en venir là. Il faut essayer d’être le plus crédible possible dans quelque chose qui est farfelu. Il y a un côté vraiment satisfaisa­nt là-dedans. Des fois, les scènes se terminaien­t et on était morts de rire », confie-t-elle.

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