La vie parfaite n’existe pas
Je suis mariée avec le père de mes deux enfants depuis 22 ans. Nous sommes de milieu modeste, mais pas pauvre. La période d’enfermement vécue à la fin de l’hiver et au début du printemps a plongé notre couple dans un profond malaise.
Ayant tous deux perdu nos emplois, on s’est retrouvés à la maison avec nos deux garçons. Les premiers temps, on a pris ça comme un congé imprévu et les choses allaient bien. Mais comme nos fils, s’entendent plus ou moins bien en temps normal, la promiscuité a provoqué des flammèches à plusieurs occasions.
Mon mari, qui a la mèche courte, avait beaucoup de mal à ne pas se mêler de leurs disputes, et plus souvent qu’autrement, il jetait de l’huile sur le feu. C’était la première fois que je me rendais compte du parti-pris qu’il avait envers notre plus vieux et du déni qu’il m’opposait quand je lui en faisais la remarque.
Cela s’ajoutant aux difficultés financières que nous vivions et qui créaient des dissensions entre nous, ma patience fut mise à rude épreuve. Depuis que les choses reviennent graduellement à la normale, je fais partie des chanceuses qui ont retrouvé leur travail, mais pas mon mari.
Au lieu d’apprécier le fait qu’au moins un salaire rentre dans la maison, c’est comme si j’étais devenue l’ennemi à abattre. Toutes les raisons sont bonnes pour m’obstiner, et si je ne veux pas qu’on en vienne aux insultes, je dois mettre fin à la discussion en me réfugiant dans une autre pièce.
Je ne reconnais plus mon mari. Et comme notre vie sexuelle est au point mort en plus, ça ne fait pas grand-chose à quoi me raccrocher pour trouver ma vie belle. Jamais je n’aurais pensé en arriver là. Pensez-vous que c’est parce que je ne le voyais pas tel qu’il était avant, que ce qui me déplaît chez lui me frappe tant que ça? Ou bien est-il possible que ce soit la perte de son emploi qui l’ait rendu comme ça?
Anonyme et perdue
La perte de son emploi y est certainement pour quelque chose. Mais ce que notre société a traversé au cours des derniers mois a certainement aussi joué un rôle. Au-delà du danger véhiculé par la COVID-19, les psychologues appréhendaient de nombreuses conséquences négatives chez beaucoup de Québécois. L’état de votre mari en est peut-être une manifestation. Je pense qu’il est urgent de commencer par renouer un dialogue qui semble désormais absent de votre relation basée sur la confrontation. Allez-y en douceur, mais aussi avec une insistance propre à lui faire réaliser son état. Une aide thérapeutique que vous pourriez solliciter de votre CLSC serait certainement utile pour lui venir en aide.
Une idée de réflexion
J’ai 80 ans et j’en ai entendu des dictons dans ma vie. Celui qui me semble le plus absurde est celui-ci : « La mort fait partie de la vie ». Étant donné que nous vivons notre vie avec la certitude que nous finirons par mourir, ne serait-il pas plus juste de dire « La vie fait partie de la mort », puisque tout indique que l’être humain vit sa vie pour obtenir, une fois mort, une récompense dont il ne connaît pas la teneur ?
En conséquence, peut-être devrions-nous penser à vivre notre vie en préparant notre graduation avec l’obtention d’un bon bulletin au moment de la mort ? Et pour avoir ce bon bulletin, c’est facile, on n’a qu’à faire les devoirs recommandés dans les dix commandements.
Un vieillard
En voulant faire passer un message empreint d’une religiosité trop évidente, vous vous méprenez sur les priorités. La vie ne peut faire partie de la mort puisqu’elle vient en premier. Il y a quatre étapes dans l’existence : la gestation (quand on est dans le ventre de notre mère), la naissance, la vie et finalement la mort.