Àdeuxmainsdans le plat de bonbons
Il faut être un peu naïf pour croire que les partis fédéraux ont demandé la subvention salariale dans le seul but de protéger leurs employés.
C’est pourtant ce qu’ils tentent de nous faire croire. Mais on se doute bien qu’ils sont surtout intéressés à garder intacte leur caisse électorale.
Le premier ministre Justin Trudeau n’a pas besoin d’avoir quelque chose à se reprocher pour sortir une imbuvable cassette.
Mais hier, en conférence de presse, son malaise était palpable lorsqu’il a très maladroitement défendu la décision de son parti de recourir à la subvention salariale d’urgence.
Cette décision signifie, concrètement, que le salaire de dizaines d’employés du Parti libéral du Canada est payé par les contribuables.
« On a mis en place une subvention salariale qui sera là pour aider les travailleurs de toutes sortes d’organismes différents pour pouvoir avoir une économie qui revient par la suite », a martelé Justin Trudeau.
« Il y a des entreprises – grandes comme petites –, il y a des organismes sans but lucratif, des oeuvres caritatives qui emploient tous des Canadiens qui dépendent de leurs chèques de paie pour appuyer leur famille et [payer] leur épicerie. »
Pas très convaincant.
Le PLC n’est pas le seul à avoir pigé dans le plat de bonbons. Tous, sauf le Bloc québécois, se sont servis.
DES PARTIS MILLIONNAIRES
Bien sûr, les partis politiques n’échappent pas à la crise de la COVID-19. Ils vivent essentiellement de la générosité de leurs donateurs, qui se font plus rares par les temps qui courent.
Mais ce programme était-il vraiment conçu pour défrayer le salaire du personnel politique ?
À micros fermés, des députés en doutent et expriment leur malaise.
Les libéraux et les conservateurs ont récolté respectivement environ 3 et 4 millions $ depuis le début de l’année.
Ont-ils réellement besoin de cet argent ? À ce qu’on sache, leurs finances sont saines. On ne peut toutefois pas en dire autant du NPD, qui est au bord de la faillite.
Ce n’est pas parce que les partis sont admissibles à cette aide fédérale qu’ils devraient y avoir droit. Des critères assez larges ont été établis.
Des critères qu’ils ont eux-mêmes décrétés. L’apparence de conflit d’intérêts saute aux yeux.
À Québec, les partis n’envisagent pas de demander la subvention salariale pour l’instant, sauf le Parti québécois, qui évalue ses options. Il faut dire qu’ici, les partis politiques bénéficient d’un financement public qui a atteint au total 10 M$ l’an dernier.
Les partis fédéraux auraient pu aider leur cause en levant le voile sur les détails de leurs demandes de subvention. Mais plusieurs questions demeurent sans réponse.
Chez les libéraux, le mauvais exemple vient de haut.
Le PLC n’est pas le seul à avoir pigé dans le plat de bonbons.