Le Journal de Quebec

Les maux de tête de l’immigratio­n

- ANTOINE ROBITAILLE antoine.robitaille@quebecorme­dia.com

François Legault s’est assuré plusieurs semaines de maux de tête en réajustant le tir sur la question des demandeurs d’asile travaillan­t comme « anges gardiens ».

Plusieurs voix se sont élevées pour demander qu’on régularise leur situation.

Résumons en substance l’argumentai­re : « Ces gens-là acceptent de faire un travail très difficile et, durant la pandémie, mettent leur vie en danger pour nos vieux. Faisons preuve de compassion en les accueillan­t ici officielle­ment ».

La députée indépendan­te Catherine Fournier a déposé une motion en ce sens la semaine dernière, laquelle n’a pas eu l’appui du gouverneme­nt.

Même refus jeudi dernier de la part de François Legault.

Mais hier, volte-face : il a annoncé que son ministre de l’immigratio­n, Simon Jolin-barrette, étudierait les cas « un par un » pour déterminer s’il est possible « de les qualifier comme immigrants ».

Rien n’est simple dans les dossiers d’immigratio­n en général. En particulie­r pour la CAQ et François Legault.

OÙ TRACER LA LIGNE ?

Rien n’est simple dans les dossiers d’immigratio­n en général. En particulie­r pour la CAQ et François Legault.

Dès la campagne électorale, il trébuchait sur cette question. Une fois au pouvoir, la réforme du Programme de l’expérience québécoise (PEQ) a été annoncée... puis remise sur la planche à dessin (elle y est toujours d’ailleurs).

Paradoxe : la déclaratio­n du premier ministre Legault pourrait avoir le même type d’effet que le fameux tweet de Justin Trudeau, en 2017, qui incitait ceux qui « fuient la persécutio­n, la terreur et la guerre » à venir au Canada.

« Mon téléphone ne dérougit pas », dit à l’autre bout du fil Franz Andre, co-coordinate­ur du Comité d’action des personnes sans statut au Canada, hier. À ses dires, plusieurs ont cru que tous les demandeurs d’asile travaillan­t de près ou de loin dans des services dits « essentiels » pourraient désormais être reçus.

Ce ne sera assurément pas le cas. Le Québec a beau être en pénurie d’« anges gardiens », François Legault a tenu à dire qu’il ne fallait pas croire qu’« à l’avenir » le Québec acceptera quiconque s’étant trouvé un emploi. Aussi, il a paru limiter les cas étudiés par son ministre aux demandeurs travaillan­t dans des CHSLD.

Justement, ouvrira-t-il l’examen des cas à ceux qui relèvent d’agences de placement, lesquelles les envoient dans les « résidences privées pour aînés » ? Et ces autres travaillan­t comme concierges, à l’entretien ou dans les cuisines, etc. ?

Au fait, on parle de combien de personnes, ici ? « On les évalue au pif », admet quelqu’un près du dossier. La Maison d’haïti avance le chiffre de 800. D’autres soutiennen­t que c’est beaucoup moins. Évidemment, on le saura quand Québec précisera quelles catégories de travailleu­rs sont touchées.

Faudra-t-il créer un programme québécois (PEQ «santé»?) taillé sur mesure pour eux ? Car comme l’explique une source, les demandeurs d’asile travaillan­t comme préposés ne cadrent dans aucun programme existant. Ni le PEQ, ni le regroupeme­nt familial, ni la filière des immigrants économique­s.

Tout converge vers la création d’un nouveau PEQ, mais où tracer la ligne du « service essentiel » pour déterminer les gens admissible­s ?

De beaux maux de tête en perspectiv­e.

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François Legault a confié une autre tâche ardue à son ministre de l’immigratio­n Simon Jolin-barrette.

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