Le Canada doit dire non à Huawei
L’EX-PDG de Blackberry s’inquiète des risques associés au mastodonte chinois
« ON INJECTE DES MILLIARDS EN RECHERCHE, ET ON N’EXIGE RIEN POUR QUE CELA RESTE CHEZ NOUS. JE N’AI JAMAIS
VU ÇA DANS AUCUN
AUTRE PAYS. »
– Jim Balsillie, EX-PDG de Blackberry
Convoqué aux Communes pour parler de la réponse canadienne à la pandémie de COVID-19, l’exPDG de Blackberry Jim Balsillie a émis une sérieuse mise en garde concernant la présence de Huawei dans notre infrastructure 5G.
Permettre à l’entreprise proche du gouvernement chinois de participer à l’implantation de la prochaine technologie sans fil équivaudrait ni plus ni moins qu’à laisser entrer le loup dans la bergerie, a-t-il laissé entendre.
« Quand on doit être opéré, on écoute très attentivement les conseils de nos chirurgiens. C’est la même chose ici : Ottawa doit écouter très attentivement ses experts. Et les experts disent tous qu’avec Huawei, il y a une menace », a soutenu en entrevue au Journal le président du Conseil canadien des innovateurs (CCI), hier soir.
Déjà, les États-unis, l’australie et la Nouvelle-zélande ont exclu l’entreprise.
En outre, le Royaume-uni aurait élaboré un plan pour retirer progressivement les équipements Huawei de ses réseaux 5G d’ici 2023 en raison d’inquiétudes entourant la sécurité nationale, rapportaient hier les médias britanniques.
« Il faut qu’on évite de donner à une firme étrangère la capacité d’éventuellement se retourner contre nous », a soutenu M. Balsillie.
STOPPER L’EXODE DES BREVETS
Au-delà du 5G, le Canada devrait s’inquiéter d’entreprises étrangères comme Huawei qui, au fil des années, ont tissé des liens très étroits avec le milieu canadien de la recherche universitaire, s’appropriant pour des bouchées de pain les technologies qui y sont développées.
Depuis son arrivée au Canada il y a une douzaine d’années, l’entreprise aurait financé le travail de plus de 100 chercheurs. En échange, Huawei a obtenu, dans près de 40 % des cas, l’ensemble de la propriété intellectuelle (PI) des nouvelles technologies développées, ce qui signifie que le fruit des recherches a été cédé à bas prix au géant chinois, rapportait Le Journal il y a deux ans.
MODERNISER LES LOIS
Depuis, bien peu de choses ont changé, déplore l’homme d’affaires.
« Il y a plus de deux douzaines de chercheurs dans des universités du pays qui sont en partenariat avec Huawei. Le public a financé 30 ans de recherche en intelligence artificielle qui se retrouvent dans tous les produits de Google. Ils font une fortune avec ça, ne paient aucune taxe au Canada, et nous n’en retirons finalement aucun bénéfice. J’aurais préféré que ça demeure au pays. »
Il est donc urgent pour Jim Balsillie de moderniser nos lois sur la propriété intellectuelle pour faire en sorte que les technologies développées à coup de subventions gouvernementales demeurent entre les mains de Canadiens, ou à tout le moins qu’on puisse vendre ces brevets, marques de commerce et technologies à un prix juste.
« On a du pain sur la planche », conclut-il.