Le Journal de Quebec

Le Canada doit dire non à Huawei

L’EX-PDG de Blackberry s’inquiète des risques associés au mastodonte chinois

- PHILIPPE ORFALI

« ON INJECTE DES MILLIARDS EN RECHERCHE, ET ON N’EXIGE RIEN POUR QUE CELA RESTE CHEZ NOUS. JE N’AI JAMAIS

VU ÇA DANS AUCUN

AUTRE PAYS. »

– Jim Balsillie, EX-PDG de Blackberry

Convoqué aux Communes pour parler de la réponse canadienne à la pandémie de COVID-19, l’exPDG de Blackberry Jim Balsillie a émis une sérieuse mise en garde concernant la présence de Huawei dans notre infrastruc­ture 5G.

Permettre à l’entreprise proche du gouverneme­nt chinois de participer à l’implantati­on de la prochaine technologi­e sans fil équivaudra­it ni plus ni moins qu’à laisser entrer le loup dans la bergerie, a-t-il laissé entendre.

« Quand on doit être opéré, on écoute très attentivem­ent les conseils de nos chirurgien­s. C’est la même chose ici : Ottawa doit écouter très attentivem­ent ses experts. Et les experts disent tous qu’avec Huawei, il y a une menace », a soutenu en entrevue au Journal le président du Conseil canadien des innovateur­s (CCI), hier soir.

Déjà, les États-unis, l’australie et la Nouvelle-zélande ont exclu l’entreprise.

En outre, le Royaume-uni aurait élaboré un plan pour retirer progressiv­ement les équipement­s Huawei de ses réseaux 5G d’ici 2023 en raison d’inquiétude­s entourant la sécurité nationale, rapportaie­nt hier les médias britanniqu­es.

« Il faut qu’on évite de donner à une firme étrangère la capacité d’éventuelle­ment se retourner contre nous », a soutenu M. Balsillie.

STOPPER L’EXODE DES BREVETS

Au-delà du 5G, le Canada devrait s’inquiéter d’entreprise­s étrangères comme Huawei qui, au fil des années, ont tissé des liens très étroits avec le milieu canadien de la recherche universita­ire, s’approprian­t pour des bouchées de pain les technologi­es qui y sont développée­s.

Depuis son arrivée au Canada il y a une douzaine d’années, l’entreprise aurait financé le travail de plus de 100 chercheurs. En échange, Huawei a obtenu, dans près de 40 % des cas, l’ensemble de la propriété intellectu­elle (PI) des nouvelles technologi­es développée­s, ce qui signifie que le fruit des recherches a été cédé à bas prix au géant chinois, rapportait Le Journal il y a deux ans.

MODERNISER LES LOIS

Depuis, bien peu de choses ont changé, déplore l’homme d’affaires.

« Il y a plus de deux douzaines de chercheurs dans des université­s du pays qui sont en partenaria­t avec Huawei. Le public a financé 30 ans de recherche en intelligen­ce artificiel­le qui se retrouvent dans tous les produits de Google. Ils font une fortune avec ça, ne paient aucune taxe au Canada, et nous n’en retirons finalement aucun bénéfice. J’aurais préféré que ça demeure au pays. »

Il est donc urgent pour Jim Balsillie de moderniser nos lois sur la propriété intellectu­elle pour faire en sorte que les technologi­es développée­s à coup de subvention­s gouverneme­ntales demeurent entre les mains de Canadiens, ou à tout le moins qu’on puisse vendre ces brevets, marques de commerce et technologi­es à un prix juste.

« On a du pain sur la planche », conclut-il.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES, AGENCE QMI ?? En plus d’exhorter les gouverneme­nts à en faire davantage pour retenir les innovation­s développée­s dans les université­s du pays, l’homme d’affaires Jim Balsillie suggère à Ottawa « d’écouter les experts » et de fermer totalement la porte à Huawei.
PHOTO D’ARCHIVES, AGENCE QMI En plus d’exhorter les gouverneme­nts à en faire davantage pour retenir les innovation­s développée­s dans les université­s du pays, l’homme d’affaires Jim Balsillie suggère à Ottawa « d’écouter les experts » et de fermer totalement la porte à Huawei.

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