10 questions importantes sans réponses
Le richissime homme d’affaires a vendu ses actions juste avant la débâcle
Le Cirque du Soleil était déjà affecté par la pandémie quand son fondateur, Guy Laliberté, a vendu en février ses dernières actions à la Caisse de dépôt et placement du Québec, un timing presque parfait qui fait sourciller un expert.
Robert Pouliot, cofondateur de la Coalition pour la protection des investisseurs et expert en gouvernance d’entreprise, s’explique mal comment le bas de laine des Québécois a pu accepter de payer le plein prix pour un intérêt de 10 % de Laliberté dans le Cirque, quelques semaines à peine avant son effondrement.
La revue Forbes classait Guy Laliberté au rang des milliardaires en 2019.
« La Caisse avait tous les droits d’abandonner la transaction », dénonce-t-il. Robert Pouliot fait valoir qu’entre le moment où les négociations ont commencé et où la vente s’est conclue, le contexte avait complètement changé.
NUMÉRO D’ÉQUILIBRISTE
Un examen minutieux de la séquence des événements ( voir chronologie) montre qu’il était littéralement minuit moins une quand
Laliberté a encaissé sa mise. Ce dernier a révélé la semaine dernière à l’émission Tout le monde en parle qu’il avait négocié durant l’automne la vente de ses actions à la Caisse.
Or, les premiers signes de la pandémie se sont manifestés dès décembre en Chine. En janvier, le Cirque était contraint d’annuler ses spectacles à Hangzhou, en Chine, un marché crucial pour sa croissance.
Quand la transaction s’est finalement conclue, en février, c’était sur la base de calculs faits avant la pandémie. Ni la Caisse ni Guy Laliberté n’ont pourtant revu les termes de la transaction.
TERMES SECRETS
Ce qui enrage le plus Robert Pouliot, c’est le fait qu’on ne sait à peu près rien sur cette transaction. Combien la Caisse a-t-elle payé ? Pourquoi Guy Laliberté a-t-il voulu vendre ? Qui a amorcé les discussions ? Qui savait quoi et à quel moment ?
Le communiqué de la Caisse de février sur la transaction ne donne aucun détail à ce sujet. Il se borne à citer le nouveau PDG Charles Émond (en poste depuis deux semaines) qui se réjouit de « renforcer » la présence de la Caisse dans l’actionnariat du Cirque.
INCOMPRÉHENSION
« C’est à la Caisse qu’il faudrait demander pourquoi elle a racheté la part de Guy », nous a écrit Anne Dongois, de Lune Rouge, en réponse à une question.
« Demandez à Guy Laliberté s’il est prêt à racheter le Cirque au prix où il l’a vendu. C’est un bon test, ça », dit Robert Pouliot. Anne Dongois n’a toutefois pas répondu à cette question transmise hier.
« Je ne comprends pas pourquoi la Caisse est rentrée là-dedans », réitère Robert Pouliot. Il estime qu’il était très mal avisé pour la Caisse de retirer son intérêt à celui qui a été l’âme dirigeante du Cirque pendant des décennies.
« Il n’est pas dans les habitudes de la Caisse de commenter des conversations privées qui précèdent une transaction », nous a écrit la Caisse, nous référant à son tour à Guy Laliberté.