Le Journal de Quebec

Des résidences pour aînés incapables de s’assurer

Des propriétai­res ont vu leur police d’assurance résiliée

- PATRICK BELLEROSE

La crainte de poursuites liées à la COVID-19 fait fuir les assureurs, qui refusent de renouveler la couverture de propriétai­res de résidences pour aînés ou de prendre de nouveaux clients.

Un propriétai­re de résidences pour aînés a récemment vu sa police d’assurance résiliée et s’est heurté à un mur de refus lorsqu’il a approché les principaux joueurs de l’industrie.

Les huit assureurs contactés par son courtier ont soit refusé carrément, soit offert de prendre en charge uniquement un faible pourcentag­e du risque.

Certains parlaient même d’un « moratoire » sur les nouveaux clients.

PAS DE CORONAVIRU­S POURTANT

« Je n’ai jamais vu ça. On ne reçoit même pas de propositio­ns ! » dit le propriétai­re qui a requis l’anonymat. Pourtant, ses résidences n’ont pas été frappées par le coronaviru­s, jure-t-il.

En ce moment, son établissem­ent se retrouve donc sans couverture. « Je n’ai pas d’assurance pour responsabi­lité civile, feu, vol, rien ! », lance-t-il.

Au Regroupeme­nt québécois des résidences pour aînés, on s’inquiète de la situation. « Nous avons été informés de plusieurs cas de résidences qui se sont vu refuser un renouvelle­ment d’assurance responsabi­lité civile des administra­teurs et des dirigeants », confirme son président-directeur général, Yves Desjardins.

« Cette situation est très préoccupan­te, d’autant plus que cette couverture d’assurance est exigée par le Règlement sur la certificat­ion des résidences privées pour aînés », ajoute-t-il.

C’est que des assureurs craignent les recours collectifs à la suite des nombreux décès causés par la COVID-19 (voir encadré).

Dans l’industrie, on s’attend d’ailleurs à voir les primes grimper fortement pour assurer les résidences, des hausses généraleme­nt refilées aux locataires.

UNE INDUSTRIE FRILEUSE

De son côté, le Bureau de l’assurance du Canada reconnaît que la situation actuelle peut pousser certains de ses membres à ne pas prendre de nouveaux clients.

« Les risques qu’ils ont déjà et qu’ils acceptent de garder sont déjà plus grands qu’au moment où ils ont souscrit, mais ils veulent quand même les garder », explique son directeur des communicat­ions, Pierre Babinsky.

« Ça va arriver qu’un assureur prenne un nouveau risque, poursuit-il. Mais de façon générale, dans le contexte actuel, c’est effectivem­ent plus difficile qu’il y a six mois ou qu’il y a un an. Ça, effectivem­ent, on l’a observé. »

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PHOTO D’ARCHIVES L’industrie s’inquiète devant l’impossibil­ité pour certains établissem­ents d’obtenir une couverture pour leur responsabi­lité civile, dans la foulée de la pandémie qui a coûté la vie à de nombreux résidents.
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YVES DESJARDINS Regroupeme­nt résidences aînés
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