Le Journal de Quebec

Les laboratoir­es doivent rester sur leurs gardes

- NICOLAS LACHANCE

Les laboratoir­es québécois devraient redoubler de prudence pour protéger leurs avancées dans la course aux remèdes et aux vaccins pour contrer la COVID-19, soutient l’expert en sécurité informatiq­ue Steve Waterhouse.

Le Journal rapportait hier qu’un laboratoir­e trifluvien qui travaille sur la création d’un vaccin serait espionné.

Le Service canadien du renseignem­ent de sécurité (SCRS) en a informé le chercheur en chef Yves Hurtubise, de Biotechnol­ogies Ulysse, à Trois-rivières. Il lui a été conseillé de rester sur ses gardes, car son Centre de recherche pouvait être la cible d’ingérence, d’espionnage ou de cyberattaq­ues, notamment de la Chine, de l’iran et de la Russie.

L’ancien officier de sécurité informatiq­ue au ministère de la Défense nationale, Steve Waterhouse, indique que les services de renseignem­ents étrangers, principale­ment ceux de la Chine, de la Russie et de la Corée du Nord veulent mettre la main sur la recette du premier vaccin et en réclamer le brevet. « Ou simplement induire de fausses données pour faire dérailler leur travail », signale-t-il.

Il rappelle que les pirates s’y prennent de façon classique, grâce à l’ingénierie sociale, la distributi­on de pourriels, le décorticag­e des médias sociaux et des cyberattaq­ues qui ciblent directemen­t les installati­ons. L’expert soutient que les laboratoir­es doivent être sur leurs gardes, alors que ces cybercrimi­nels tentent de tirer profit de la pandémie.

COLLABORAT­ION

Certains laboratoir­es travaillen­t déjà de concert avec le SCRS fédéral et le gouverneme­nt du Québec afin de contrer de possibles tentatives d’espionnage.

C’est le cas du Dr Jean-claude Tardif, de l’institut de cardiologi­e de Montréal, qui mène un vaste chantier afin de prouver que la colchicine, un médicament servant à traiter la goutte, permettrai­t de stopper la tempête inflammato­ire causée par la COVID-19.

Le chercheur de renom a confirmé à notre Bureau d’enquête qu’il était en contact de manière « préventive » avec les autorités.

Le Dr Gary Kobinger, de l’université Laval, qui travaille sur la conception d’un vaccin en partenaria­t avec la biopharmac­eutique Médicago, a mentionné ne pas avoir entendu parler d’espionnage.

« Nous partageons nos connaissan­ces et données avec tous », a écrit par courriel le microbiolo­giste et directeur du Centre de recherche en infectiolo­gie de l’université Laval.

Steve Waterhouse affirme que le SCRS cherche seulement à protéger les centres de recherche. Il ne veut pas cacher au reste du monde ce que font les scientifiq­ues.

Il veut, dit-il, garantir aux laboratoir­es un environnem­ent de travail opérationn­el.

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