Le Journal de Quebec

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Aînée d’une grosse famille, je suis d’une nature chaleureus­e. Qualité que je tiens de mon père. Notre maison était toujours pleine de monde, alors que ma mère était plutôt une solitaire. Quand il est décédé, la maison familiale s’est vidée, sauf en ce qui me concerne. Je me souciais du bien-être de ma mère. Je l’accompagna­is pour ses visites médicales, je voyais à ce que son frigidaire soit garni, je faisais remplir ses prescripti­ons à la pharmacie et je l’aidais dans ses travaux d’intérieur. Je l’ai même hébergée un certain temps.

Par contre, mes frères et soeurs, qui la laissaient à elle-même, m’en ont toujours voulu pour le dévouement que je lui manifestai­s. Ils me mettaient de côté pour me faire sentir que si eux ne faisaient rien, j’aurais dû faire pareil. Et puis ma mère est morte, et ce sont mes frères et soeurs qui se sont mis à abuser de moi et de ma générosité.

Et si, pour une raison ou pour une autre je disais non à une demande d’aide, j’étais payée en retour par du boudage. Qu’estce que j’ai fait, vous pensez ? Je me suis mise à toujours dire oui. Dans ma maison, c’est pareil. C’est toujours moi qui fais le lavage, le ménage, l’entretien et qui vois à faire réparer ce qui casse. Jamais mon mari, car il n’est pas serviable. Croyez-le ou non, en plus, c’est toujours moi qui règle les conflits entre les membres de ma famille qui sont à peu près tous d’un naturel chicanier.

C’est pareil dans la famille de mon mari. Et comme plus souvent qu’autrement, vu sa nature, il refuse de les aider quand ils sont dans le trouble, eh bien, c’est moi qui paye. Car eux aussi se permettent de me bouder. Je suis tellement tannée de tout ça que je vois venir les fêtes où la famille se réunit comme des punitions. Je ne mérite pas ce qu’on me fait endurer et je ne sais pas quoi faire pour que ça change. n.p.

Pour que ça change, il faudrait que vous changiez. Vos initiales en lettres minuscules en disent long sur vous. Pourquoi ne méritez-vous pas des majuscules dans votre nom? Probableme­nt parce que vous ne devez pas penser que vous en méritez.

Être chaleureus­e ne veut pas dire être bonasse et laisser les autres abuser de votre gentilless­e. Ça veut dire leur manifester de l’empathie, mais sans vous comporter comme un tapis sur lequel on s’essuie les pieds. S’ils boudent parce que votre mari a mis ses limites, vous les laissez bouder. Leur désagrémen­t a été causé par votre mari, pas par vous. Pour quelle raison devriez-vous l’assumer ?

Ça me chagrine de vous parler comme ça, mais je n’ai pas le choix. Ça ne sera pas facile de renverser la vapeur, car je ne vous crois pas capable, probableme­nt parce que vous vous êtes laissé manger la laine sur le dos depuis toujours, de ne pas vous préoccuper des réactions des autres. Mais comme il n’est jamais trop tard pour essayer, la balle est dans votre camp.

LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

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