Le Journal de Quebec

APPRENDRE LE DÉCÈS DE SON GRAND-PÈRE AVEC 1000 INCONNUS

- LOUIS-ANDRÉ LARIVIÈRE

Si la plupart des Québécois ont appris le décès de Maurice Richard aux nouvelles ou dans les médias de masse, les petites-filles du Rocket l’ont appris dans un lieu pour le moins insolite.

Claudia, 9 ans, et Olivia, 6 ans, se faisaient garder par des amis de leurs parents, qui les ont amenées à l’autodrome Saint-eustache.

« J’ai pu réaliser le personnage public qu’était mon grand-père à ce moment-là », s’est souvenue l’aînée des soeurs dans un entretien avec Tvasports.ca.

Entourée de parfaits inconnus, Claudia s’attendait à voir une course automobile commencer. Mais ce n’est pas ce que l’annonceur maison a soufflé dans les oreilles d’un millier de spectateur­s rassemblés au stade.

« Je l’ai entendu au micro en même temps que 1000 autres personnes. En mangeant un hot-dog. »

Et le lundi suivant, elles étaient de retour à l’école.

« On n’a pas été en rang, les professeur­s sont venus nous chercher pour qu’on entre tout de suite. Après, on a su qu’ils avaient présenté les funéraille­s à la télé en classe. C’était spécial d’apprendre ça. »

La mort de la mythique vedette de la Sainte-flanelle a endeuillé tout le Québec. C’est tout un récit de vie qui périssait, 40 ans après son dernier tour de piste.

Claudia a réalisé dans les heures qui ont suivi le décès de son grand-père quelle figure iconique il représenta­it aux yeux des gens d’ici et d’ailleurs.

DEUIL NATIONAL

Des cargaisons de lettres, cartes et dessins affluaient et des gerbes de fleurs ont été déposées devant la porte de la résidence de la rue Péloquin, dans le quartier Ahuntsic de Montréal.

L’édition du Journal de Montréal du lendemain a publié des photos de partisans attristés, pliés sur le trottoir au pied de la maison du défunt.

À l’époque, Claudia ne réalisait pas l’ampleur de ces marques d’affection à l’endroit de son grandpère. Car pour elles, dans l’intimité, le côté mythologiq­ue était inexistant.

« Ma soeur, mes cousines et moi n’avons pas grandi avec Maurice Richard le joueur de hockey, raconte Claudia. C’était notre grand-père. Une personne normale.

« Il arrive fréquemmen­t dans des endroits publics que des gens que je connais peu racontent des histoires à son sujet, admet Claudia. C’est avec un sourire en coin que je leur dis : ‘‘Vous parlez de mon grand-père’’. C’est indescript­ible.

« Peu nombreux sont ceux qui vivent ça. »

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