Le Journal de Quebec

Fauchée par la COVID-19 à 112 ans

La Montréalai­se supercente­naire est la plus âgée des victimes connues du virus au Québec

- JONATHAN TREMBLAY

Une des doyennes du Québec a succombé à la COVID-19 à l’âge de 112 ans, la semaine dernière à Montréal, devenant ainsi la plus âgée des victimes connues du virus à travers la province.

Alexina St-pierre Loyer est décédée le 22 mai, après un court combat contre le virus, au CHSLD Le Cardinal à Pointe-aux-trembles.

« Ça s’est fait très vite. Ils ne l’ont même pas testée. En l’espace de deux jours, c’était fait », raconte son neveu Marcel Loyer, également ancien maire de la municipali­té de Sainte-mélanie.

Ce n’est cependant que dans les derniers mois que les problèmes de santé ont affecté la « supercente­naire », nom donné aux personnes de 110 ans et plus.

« Elle était complèteme­nt lucide jusqu’aux deux dernières semaines, estime M. Loyer, qui lui rendait visite quelques fois par année. Elle a été autonome jusqu’à 111 ans. »

À plus de 90 ans, la dame originaire du Bic, dans le Bas-saint-laurent, avait d’ailleurs déménagé elle-même ses biens pour s’établir dans une des Résidences Soleil, à Pointe-aux-trembles.

LOGEMENT GRATUIT

« La politique, là-bas, c’est qu’après 100 ans [et 10 ans dans un même appartemen­t], c’est gratuit, explique son neveu, en rigolant. Ils n’avaient pas prévu qu’ils auraient à lui payer près de 10 ans de loyer. »

Celui-ci pouvait également témoigner de la lucidité de sa tante par la mémoire que la dame née le 21 novembre 1907 avait conservée après plus d’un siècle de vie.

« Chaque année, c’était un peu sa gloire de faire son discours d’amour à son anniversai­re, dit-il. Elle récitait un 15 minutes de texte sans notes. Elle avait une méchante mémoire. »

Cette capacité de réciter devait lui être restée en raison de la profession d’enseignant­e et de directrice qu’elle a exercée pendant plus de 40 ans, croit M. Loyer.

« C’était une femme autoritair­e, mais juste. Elle avait du caractère », souligne Yvon Roberge, un autre neveu de la défunte.

« C’était une femme très gentille, mais très structurée et rigide, insiste M. Loyer. Comme elle était dans les plus vieilles de sa famille, elle a pratiqueme­nt agi comme une deuxième mère pour ses 16 frères et soeurs. »

Mme St-pierre Loyer n’a jamais eu d’enfant. Ce n’est que dans la cinquantai­ne qu’elle a rencontré l’homme de sa vie, Lucien Loyer.

Les deux célibatair­es se sont mariés. Puis comme ils étaient sans enfant, cela a laissé place à beaucoup de gâteries pour leurs neveux et nièces, témoigne l’ex-maire.

« Ils étaient inséparabl­es. Elle espérait bien aller le rejoindre, dit-il. L’âge, elle ne s’en faisait pas avec ça. »

DES CAS RARES

À 112 ans, Mme St-pierre Loyer figurait néanmoins parmi les doyennes du Québec.

« Des supercente­naires, il n’y en a pas beaucoup. Au-delà de 110 ans, c’est assez exceptionn­el, commente Robert Bourbeau, professeur associé au départemen­t de démographi­e à l’université de Montréal. On en compte en moyenne deux ou trois par année. »

La plus âgée des victimes connues de la COVID-19 était aussi vraisembla­blement la deuxième Québécoise la plus âgée. Elle suivait de près la Montréalai­se Cecile Klein. Elle devrait fêter ses 113 ans, le 15 juin, au centre gériatriqu­e Maimonides de Montréal.

Malgré la crainte liée à la pandémie, Mme Klein se porterait bien, a confirmé hier au Journal un membre de sa famille.

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PHOTO COURTOISIE Alexina St-pierre Loyer posait avec son neveu Marcel Loyer, moins d’un an avant de décéder de la COVID-19, le 22 mai, à Montréal.

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