Le Journal de Quebec

L’art de ne pas livrer

- MARIO DUMONT mario.dumont@quebecorme­dia.com

Les grosses entreprise­s gouverneme­ntales doivent demeurer sous surveillan­ce tellement elles sont des nids potentiels d’inefficaci­té. Postes Canada nous a donné sa part de raisons de nous inquiéter au fil des ans. Mais la société fédérale se surpasse pendant la pandémie.

Voilà donc qu’en cette semaine de mai, Postes Canada fait la nouvelle à répétition. D’abord parce que la compagnie est enterrée sous les colis. Surprise ! Pendant la pandémie, alors que les magasins étaient fermés, l’achat en ligne a explosé et le nombre de colis aussi.

Toutes les entreprise­s de livraison ont expériment­é de la pression en raison de l’augmentati­on importante du volume. Dans certains cas, elles ont dû s’excuser pour des délais accrus. Mais rapidement, les compagnies privées se sont mises en mode solution. Elles ont loué des camions et embauché du personnel pour livrer le flot supplément­aire.

Certains colis contiennen­t des masques qui seront livrés après la pandémie.

MONTAGNES DE COLIS

La situation à Postes Canada est tout simplement désolante. Entre 250 et 300 camions de livraison remplis sont agglutinés dans le stationnem­ent. On ne peut plus les décharger puisque les entrepôts débordent. La nouvelle est parvenue aux médias par les syndicats, notamment parce que certains craignent le danger représenté par les montagnes de colis.

La solution attendue par les Postes pour rétablir la situation semble simple : on attend que le nombre de colis retombe. Trop de clients, ce n’est pas une bonne chose. Une société d’état a toujours cette horrible tendance à être gérée comme un hôpital qui déborde.

Je ne me prétends pas ingénieur en transport ou en logistique. Néanmoins, je suggère une solution à cette accumulati­on de colis. L’entrepôt est plein ? Les camions remplis s’entassent dans la cour ? Les clients rugissent au téléphone parce qu’ils ne reçoivent pas leur colis ? Livrez-les, bordel ! Embauchez du personnel, allongez les heures, payez des heures supplément­aires. Mais livrez-les !

PERTE FINANCIÈRE

Postes Canada a aussi fait la manchette après la divulgatio­n de son bilan pour le premier trimestre de l’année. Postes Canada a perdu 66 millions.

Je dois donner le crédit au journal Les Affaires pour le titre le plus simple et le plus explicite : « Postes Canada livre plus de colis et perd plus d’argent ». On dirait qu’il ne reste plus rien à rajouter.

Depuis près de 40 ans, le gouverneme­nt fédéral a voulu faire de Postes Canada une entreprise indépendan­te. Cette société d’état doit s’autofinanc­er contrairem­ent au ministère des Postes, qui auparavant, brûlait l’argent comme un 747 brûle du carburant.

Les organisati­ons gouverneme­ntales ne l’ont pas facile quand vient le temps d’opérer sans être connecté directemen­t à l’aqueduc de nos impôts. Parce que ce sont des environnem­ents lourdement syndiqués, avec la mentalité syndicale du secteur public. Aussi parce que l’organisati­on bureaucrat­ique est naturellem­ent plus axée sur les processus que sur les résultats.

Cerise sur le sundae, une organisati­on publique reçoit des commandes politiques. Postes Canada s’est fait dire de respecter la promesse électorale en matière de courrier à domicile, même si cela lui fait perdre de l’argent.

Ça, ils l’ont livré !

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 ??  ?? Mauvaise semaine pour l’image de Postes Canada. Plus de clients, plus de colis… et plus d’argent perdu.
Mauvaise semaine pour l’image de Postes Canada. Plus de clients, plus de colis… et plus d’argent perdu.

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