Quelle transparence ?
Des milliers de fonctionnaires fédéraux ont été à un moment ou un autre en congé payé forcé durant la pandémie par absence de matériel informatique adéquat. Combien ? Impossible de le savoir.
Il n’est pas question ici de taper sur la tête des fonctionnaires, qui ont généralement fait un formidable travail pour livrer les programmes fédéraux dans un temps record.
Ce qui irrite, encore une fois, c’est la culture du secret qui règne à Ottawa.
J’ai récemment voulu savoir combien d’employés de la fonction publique fédérale se sont prévalus de nouveaux critères relatifs aux congés en réponse à la COVID-19.
À part l’absence de technologie adéquate, d’autres critères permettent d’avoir droit à ces congés spéciaux. Ils sont aussi offerts à ceux qui souffrent de la COVID-19, ou qui sont forcés de prendre soin de leur enfant en raison de fermetures d’écoles ou des garderies.
TÉLÉTRAVAIL
Quand la pandémie a frappé il y a deux mois et demi, Ottawa a demandé à la plupart de ses 300 000 employés de travailler de la maison.
Mais l’infrastructure informatique de la fonction publique n’était pas prête à accueillir tous ces nouveaux télétravailleurs.
Des milliers de fonctionnaires n’avaient pas accès aux outils leur permettant de travailler à distance.
Certains ont donc été forcés de travailler à temps partiel, d’autres pas du tout.
Ottawa n’a pas regardé à la dépense depuis le début de la pandémie afin d’équiper ses employés du matériel nécessaire et d’améliorer ses systèmes.
Le Secrétariat du Conseil du Trésor, qui a émis la directive, n’a été d’aucune utilité dans mes démarches.
On m’a répondu, dans leur charabia distinctif, que je devais m’adresser à chacun des départements. Sur le fonds, ma question est demeurée sans réponse.
La douzaine de ministères vers lesquels je me suis tourné, les plus importants de l’appareil fédéral, se sont tous aussi montrés avares de commentaires.
Sauf un, Santé Canada, qui a été le seul département à me fournir des données.
Dans ce ministère, en date du 8 mai, 335 employés utilisaient le code de congés spéciaux, ce qui représente
4,2 % de ses effectifs.
À savoir pourquoi Santé Canada a été le seul ministère en mesure de partager l’information, c’est un mystère.
En extrapolant les données de Santé Canada, on peut donc conclure que des milliers de fonctionnaires sont toujours en congé payé forcé, deux mois et demi après le début de la pandémie.
À savoir pourquoi Santé Canada a été le seul ministère en mesure de partager l’information, c’est un mystère.
IRONIE
Comble d’ironie, le président du Conseil du Trésor, Jean-yves Duclos, a fait parvenir une lettre à ses collègues cette semaine.
Dans la missive, M. Duclos rappelle « l’importance continue de la transparence et de la responsabilisation à l’égard des Canadiens, même en période de crise ».
C’est ce qu’on appelle un cordonnier mal chaussé.