Nos coeurs balancent entre Legault et Trudeau
Depuis le début de la pandémie, Justin Trudeau joue au père Noël. Sa poche est vidée de 250 milliards de dollars en déficit. Mais l’appui des électeurs à son endroit a remonté en flèche.
Chaque jour, qu’importe la question posée par les journalistes, Justin Trudeau rappelle la « générosité » libérale. On dirait un mantra dont l’usage lui était familier même avant sa visite en Inde.
Il leurre ainsi nombre de Canadiens mal informés qui ne se rendent pas compte que ces annonces sont du réchauffé. Parfois, l’habile Justin introduit une modification subtile à un programme annoncé en avril ou au cours du mois de mai.
Hélas, nombre de citoyens semblent oublier que cet argent vient de leur poche.
Justin Trudeau n’a pas que des défauts, mais il a le beau rôle. Car le premier ministre, même minoritaire, a pour fonction de s’élever au-dessus de la mêlée.
Contrairement aux premiers ministres provinciaux, obligés de gérer les mains à la pâte. Pendant la crise, la pâte est difficile à manier.
FRICTIONS
Justin Trudeau doit être un rassembleur face aux premiers ministres provinciaux. Mais il doit d’abord défendre les intérêts du Canada tout entier d’où les frictions possibles avec les provinces.
Ces frictions sont plus vives avec le premier ministre du Québec. Le haussement de sourcils de François Legault lorsqu’on l’oblige à faire référence à Trudeau ne trompe personne.
Son appréciation de certaines décisions du premier ministre canadien favorisant le Québec est exprimée sans enthousiasme, dirait-on.
François Legault était à l’apogée de sa gloire depuis son élection.
Dans la crise de la COVID-19, il a su manoeuvrer d’abord avec conviction, fermeté et compassion. Mais la catastrophe des CHSLD a fini par le déstabiliser.
Ajoutons à sa décharge qu’il n’était pas plus préparé que la majorité des Québécois à encaisser la dure réalité d’un Québec moins généreux, moins compétent, moins respectueux des aînés, moins protecteur de ses enfants et plus déshumanisé dans son organisation sociale et bureaucratique.
HUMILIATION
François Legault a révélé parfois en direct à la télévision sa méconnaissance du terrain.
Nous apprenions tous en même temps que lui que ses directives de la veille n’étaient pas appliquées. Que ses décisions étaient donc court-circuitées par la machine kafkaïenne qu’est le ministère de la Santé. Justin Trudeau n’a jamais eu à subir ce genre d’humiliation. Seul devant la caméra, il règne en maître, même s’il apparaît redondant.
François Legault subit donc l’épreuve de feu alors que Justin Trudeau a tout à gagner de cette exposition médiatique.
Il distribue l’argent à sa guise. Les Canadiens l’appuient de nouveau et il s’agit pour lui de faire le beau, d’être pour le bien et de croire à un avenir ensoleillé.
François Legault, toujours appuyé par une majorité de Québécois, subit désormais des critiques comme savent les exprimer les Québécois turbulents, excessifs et gonflés à l’idéologie comme les ballons à l’hélium.
Personne ne peut l’envier, car même ceux qui l’appuient ressentent les contrecoups de ce que cette pandémie révèle de nous. Que nous sommes un peuple fragilisé par nos ruptures historiques successives et toujours à la recherche d’une cohésion nouvelle.