OPTIMISME PRUDENT
La santé et la sécurité sont encore au coeur des préoccupations des joueurs
Gary Bettman et Bill Daly ont eu beau annoncer en grande pompe la formule qui serait appliquée advenant une reprise des activités dans la LNH, dans le camp des joueurs, on semble loin d’être aussi enthousiaste.
« J’affiche un optimisme prudent », a lancé Paul Byron, coreprésentant des joueurs du Canadien auprès de l’association des joueurs de la LNH, dans une téléconférence organisée par le Canadien, hier.
« Je ne sais même pas à quel point nous sommes près ou loin de la phase 3. Beaucoup de détails doivent encore être réglés », a-t-il ajouté.
Évidemment, la santé et la sécurité des joueurs, de même que celles des membres du personnel qui seront invités à les accompagner dans les deux villes qui accueilleront le tournoi éliminatoire, trônent au sommet des inquiétudes.
VIRUS TRÈS CONTAGIEUX
D’ailleurs, lundi, Daly a indiqué que la découverte d’un cas positif ne serait probablement pas suffisante pour tout arrêter.
« C’est préoccupant. Qu’on parle aux médecins ou qu’on fasse des recherches, on comprend que la COVID-19 est un virus très contagieux. Quelle pourrait être la sévérité des symptômes ? On est jeune, on est en santé, alors on nous dit qu’on devrait être corrects », a déclaré Byron.
« Mais on ne sait jamais. Ça ne prend qu’un cas pour changer la vie de tout le monde. Qu’est-ce qui arrivera si un joueur est déclaré positif ? Si cinq ou six joueurs le sont en même temps ? C’est le genre de question sur laquelle il faudra s’accorder. C’est pour ça qu’on n’en est pas encore venus à une entente. »
Participant également à l’appel, Brendan Gallagher en a rajouté.
« Il y a assurément des joueurs qui craignent ce virus. Et c’est compréhensible, a-t-il déclaré. Si on revient au jeu, on devra placer toute notre confiance dans les mains de la LNH pour qu’elle s’assure de notre santé. Sur ce plan, il y a encore des étapes importantes à franchir. »
REGARD VERS L’EUROPE
Au moins, la LNH ne sera pas le premier circuit professionnel à reprendre ses activités. En Europe, certaines ligues de soccer ont recommencé à disputer des matchs, il y a déjà quelques semaines. Évidemment, l’association des joueurs garde un oeil attentif et prend des notes.
« On pourra apprendre de leurs bons coups, mais également de leurs erreurs. C’est l’avantage de ne pas être le premier circuit à revenir. La grande disponibilité des tests et un accès limité aux gens de l’extérieur seront des conditions très importantes pour nous », a énuméré Gallagher.
Parmi les autres points à clarifier, on retrouve la fameuse question des familles. Même si s’éloigner de sa conjointe et de ses enfants fait partie de la réalité d’un joueur de hockey, ils sont plusieurs à être ambivalents sur la question.
« Ce serait difficile, a reconnu Byron. En plus, on ne saurait pas la durée de l’absence. Deux semaines, un mois, deux mois? Mes enfants sont rendus habitués de me voir 24 heures par jour, sept jours sur sept. En même temps, ça fait partie de la réalité de notre travail. Aujourd’hui, avec la technologie, il y a moyen de se connecter avec la famille. »
« Néanmoins, ce serait bizarre de vivre les séries sans pouvoir partager ce moment avec nos proches », a-t-il poursuivi.
MONTRÉAL INQUIÈTE
D’ailleurs, il semble que la question familiale soit l’un des facteurs qui incitent les joueurs à demeurer dans leur coin de pays plutôt que de retourner près des installations de leur équipe respective.
Au Canada, ce facteur est doublé de l’obligation pour les voyageurs étrangers de se placer en isolement pendant 14 jours à leur arrivée au pays.
« Personnellement, je serai à Brossard. J’habite à 10 minutes du complexe, a précisé Byron. Pour ceux qui arrivent d’ailleurs et qui doivent se placer en quarantaine, c’est plus compliqué. Partir deux semaines plus tôt pour respecter cette consigne signifie être éloigné de sa famille encore plus longtemps. »
De plus, vus de l’extérieur, les chiffres affolants de décès reliés à la COVID-19 et de cas confirmés depuis le début de la pandémie ont de quoi faire peur.
« J’ai tout ce qu’il me faut ici, a répondu Gallagher, depuis la Colombie-britannique. Alors je vais demeurer ici le plus longtemps possible en espérant que la situation s’améliore à Montréal. »