Le Journal de Quebec

Un vrai cauchemar pour Michael Sabia

- HUGO JONCAS

Le 12 novembre dernier, Michael Sabia créait la commotion en annonçant qu’il démissionn­erait de son poste de PDG de la Caisse, un an plus tôt que prévu.

Il l’a dit le jour même au premier ministre, pris au dépourvu, selon ce que rapportait notre Bureau d’enquête à l’époque.

En soirée, il confiait au chef d’antenne Pierre Bruneau que son pire souvenir à la tête de la Caisse était « les difficulté­s à Otéra ».

« Trois personnes ont brisé le lien de confiance, ils ont contrevenu à nos valeurs d’intégrité », disait-il. Sans les nommer, il visait l’ex-pdg d’otéra Alfonso Graceffa, l’ex-vice-présidente Martine Gaudreault et l’économiste Edmondo Marandola, suspendus après les reportages du Journal, puis congédiés.

Les problèmes de gouvernanc­e dans les prêts immobilier­s ont donc fortement ébranlé Michael Sabia.

« Malheureus­ement, Le Journal de Montréal a fait un excellent travail », reconnaiss­ait-il lors d’une conférence de presse en mai 2019.

DISCRÈTE

La Caisse est toutefois restée discrète sur l’ampleur des dérives qui ont miné le règne d’alfonso Graceffa chez Otéra, malgré une vaste enquête interne qui a coûté 5 M$.

Sous la direction de Michael Sabia, Graceffa était devenu l’homme de confiance dans l’immobilier, à la fois PDG d’otéra et chef des unités d’affaires chez Ivanhoé-cambridge, le bateau amiral qui détient des gratte-ciel et des centres commerciau­x.

Or, voilà qu’en octobre 2019, les avocats de la Caisse l’interrogea­ient dans le cadre de sa poursuite.

Ses confidence­s ont fait mal : des millions $ en prêts privés accordés sous le nez de son employeur, de multiples conflits d’intérêts potentiels, le recouvreme­nt d’une dette en argent liquide auprès d’un proche du monde interlope…

Moins de trois semaines après, Michael Sabia annonçait son départ surprise, pour aller diriger la Munk School of Global Affairs and Public Policy de l’université de Toronto.

Six mois plus tard, seuls des documents déposés au palais de justice de Montréal permettent de comprendre un peu mieux l’étendue des failles de gouvernanc­e qui ont miné Otéra sous son règne.

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