Manifestations et colère partout aux États-unis
La grogne se fait sentir chez nos voisins du Sud à la suite du décès d’un Noir lors d’une intervention policière
Le décès violent d’un Afro-américain lors d’une intervention policière a ravivé les tensions raciales aux États-unis au point où la garde nationale a été déployée, un couvre-feu imposé et l’agent accusé de meurtre, à Minneapolis.
« C’est un pays qui n’est toujours pas arrivé à répondre à la question raciale, souligne Ginette Chénard, coprésidente de l’observatoire sur les ÉtatsUnis, de la Chaire Raoul-dandurand de L’UQAM. C’est un scénario qui se répète. Il y a une trop longue liste de personnes de couleur noire qui ont été tuées lors de leur arrestation. »
La colère après les émeutes des derniers jours dans la ville de l’état du Minnesota s’est propagée dans le reste de la nation. À Washington, la Maison-blanche a notamment été confinée en raison d’une manifestation hier.
Des rassemblements ont aussi eu lieu à Detroit, Atlanta, New York, Houston, Las Vegas et San Jose, notamment.
L’arrestation et la mise en accusation de l’agent Derek Chauvin pour meurtre au troisième degré et homicide involontaire n’ont pas suffi à calmer la révolte des Américains après la mort de George Floyd, lundi.
La famille de cet Afro-américain de 46 ans a salué l’arrestation du policier comme un premier pas sur « la voie de la justice », mais l’a jugée « tardive » et insuffisante.
« Nous voulons une inculpation pour homicide volontaire avec préméditation. Et nous voulons voir les autres agents [impliqués] arrêtés », a-t-elle affirmé dans un communiqué.
GARDE NATIONALE DÉPLOYÉE
Ce développement judiciaire fait suite à une troisième nuit d’émeutes à Minneapolis. La Garde nationale y a été déployée pour ramener le calme, et un couvre-feu décrété à partir d’hier soir, entre 20 et 6 h, alors qu’un commissariat a été incendié dans la nuit et plusieurs commerces pillés.
Or, si la colère des Américains se fait de nouveau sentir, Ginette Chénard craint qu’elle ne soit pas suffisante pour amener des progrès au niveau des tensions raciales.
« Je ne verrais pas qui pourrait animer une conversation nationale pour opérer des changements au sein de la société », estime la chercheuse, faisant référence notamment au président Donald Trump et ses déclarations qui « incitent à la violence ».
Selon elle, la transformation de la société américaine doit venir de « la population blanche, qui est privilégiée ».
« On voit qu’il y a une fatigue du côté de la communauté noire, qui ne croit plus aux changements. Il va y avoir un retour à la “normale”, même si cette normalité ne l’est pas, ajoute-t-elle. La jeune génération semble toutefois désirer un changement, beaucoup plus sensible à cette question ».
–Avecl’afp