Le Journal de Quebec

Le début d’un temps nouveau ?

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com

Je vous avertis, au prochain dessin d’arc-en-ciel que je vois, je pique une crise.

Même chose la prochaine fois qu’on me dira : « Rien ne sera plus comme avant, tout va changer, vous verrez… »

Car il y a une limite à se moquer des gens.

RACISME ET VIOLENCE

Vous pensez vraiment qu’il y aura un « avant » et un « après », vous ?

Que le monde changera, que l’être humain apprendra de ses erreurs, qu’il s’en sortira plus gentil, plus compatissa­nt, et tout et tout ?

Permettez-moi d’en douter. Regardez ce qui se passe aux États-unis.

C’est Eric Garner, six ans plus tard. Rodney King, 29 ans plus tard.

La même rengaine, la même histoire.

Les mêmes flics bêtes et ivres de pouvoir, qui chassent les Noirs comme d’autres chassent les orignaux. Un peu plus, et ils l’auraient attaché sur le capot de leur autopatrou­ille, la langue pendante, comme un trophée.

Et pour répliquer à cet assassinat, ce lynchage tout droit sorti d’une vieille complainte de Billie Holiday, la purificati­on par le feu.

Magasins saccagés, immeubles incendiés. Comme si le quartier n’était déjà pas suffisamme­nt foutu comme ça.

On va en rajouter une couche, tiens.

Répondre à la violence par la violence. À la barbarie par la barbarie.

C’est ça, votre nouveau monde ?

Toujours le même film qui passe, comme chantait Cabrel.

CONTINUONS LE COMBAT

Pandémie ou non, la bêtise demeure aussi bête.

À Montréal, on bloque toutes les rues pour aider les commerces (ce qui équivaut à appuyer sur la tête d’un naufragé juste comme il réussit à la sortir de l’eau), et on lutte contre la tyrannie du masculin sur le féminin dans la langue française.

La ville est l’un des épicentres mondiaux de la pandémie, on a dû quémander l’aide de l’armée pour laver les fesses des malades, mais ça ne fait rien, elle fait beau.

Elle n’est jamais trop tard pour prendre le taureau par les cornes — pardon, la vache par les oreilles.

C’est qu’on a le sens des priorités, à Montréal. Qu’estce qu’un CHSLD surchauffé à côté du sexisme éhonté de monsieur Grevisse ?

Ce n’est pas parce qu’il y a un virus que la gauche radicale va abandonner ses combats !

Faut ce qu’il faut pour construire un monde meilleur, non mais !

On ne chôme pas, chez les révolution­naires !

C’est ainsi que, dégoûtés par le terrible sort des gens enveloppés, on s’en est pris à Maxi.

Ben oui, Maxi !

Faut dire que Martin Matte l’a cherché. Imaginez : dire que les Québécois ont pris du poids pendant le confinemen­t !

Non, mais ça va faire, le mépris !

Heureuseme­nt, les lapins (qui ont le temps de militer grâce à la PCU) se sont indignés, et ce message ô combien discrimina­toire a été retiré des ondes.

On pourra enfin se bourrer sans se faire juger. Les deux pieds sur le pouf.

FAIRE LA VAGUE

Confinés, on mangeait et on buvait.

Qu’est-ce que vous voulez, c’est dur, d’être enfermés.

Maintenant qu’on peut faire des BBQ dans notre cour, on va boire et manger.

Et on va se lancer dans les vagues en attendant la deuxième vague.

Tout va changer, je vous dis.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada