Le Journal de Quebec

Le plan caché d’ottawa

-

Dans une partie d’échecs, un joueur avancera un petit pion.

Ça semble anodin, mais le coup fait partie d’une stratégie générale d’encercleme­nt.

Regardez ce qui se passe en ce moment.

Legault a les mains dans le moteur, de l’huile jusqu’aux coudes, et fait du mieux qu’il peut.

Trudeau garde les mains propres et distribue des milliards à tout le monde.

Forcément, on s’impatiente avec le mécanicien qui a de la misère à trouver le problème.

D’un autre côté, qui dira non à un chèque d’ottawa ?

CENTRALISE­R

Pour Trudeau, le meilleur moyen de se faire réélire à la tête d’un gouverneme­nt majoritair­e, c’est de donner de l’argent à tout le monde.

Si vous croyez que ça ne marche pas parce que les électeurs voient clair, vous habitez au pays des licornes roses.

Mais il y a plus que ça.

Je n’ai pas le temps de faire un cours de relations fédérales-provincial­es depuis 1867, mais Ottawa a toujours utilisé les crises pour resserrer son emprise sur les gouverneme­nts provinciau­x.

Après la Deuxième Guerre mondiale, Ottawa a lancé de nombreux programmes dans les compétence­s des provinces.

Après le référendum de 1980, Trudeau père a imposé de force une nouvelle constituti­on et sa charte, cheval de Troie du multicultu­ralisme et de l’extrémisme religieux.

Au début des années 1990, Jean Chrétien et Paul Martin éliminèren­t le déficit fédéral.

Comment ? 79 % de leurs réductions de dépenses se firent... dans les transferts financiers aux provinces.

Au lendemain du référendum de 1995, Ottawa lança son fameux « plan B » : loi pour changer les règles référendai­res et innombrabl­es initiative­s par-dessus les provinces.

Ottawa donnait directemen­t des chèques aux municipali­tés, aux chercheurs universita­ires, aux familles, etc.

Une fois que le gouverneme­nt du Québec a protesté, il est mis devant un fait accompli.

Il peut difficilem­ent dire à ces gens : ne prenez pas l’argent. Et l’interventi­on fédérale devient permanente.

On a peu remarqué que, lors de la dernière campagne électorale, Trudeau a multiplié les engagement­s dans les compétence­s des provinces.

Il y avait l’assurance médicament­s, l’accès à un médecin de famille, les soins dentaires gratuits, de l’argent pour les garderies, de l’argent pour planter deux milliards d’arbres, etc.

En même temps qu’ottawa passe par-dessus la tête des gouverneme­nts provinciau­x, il réduit ses transferts financiers directs à ceux-ci.

Dans les années 1970, Ottawa payait la moitié des dépenses provincial­es en santé. Aujourd’hui, c’est le quart, et il veut baisser cette part.

REMAKE

Je prédis qu’ottawa utilisera la crise dans les CHSLD pour dire au Québec : si vous voulez de l’argent, vous devrez dorénavant vous plier à telle et telle conditions.

Le NPD, lui, prône carrément des normes pancanadie­nnes.

Pour beaucoup de Québécois, l’argent n’a pas d’odeur. Peu importe d’où il vient.

Le reste, c’est une « guéguerre de drapeaux », de la « petite politique ». Justin Trudeau le sait parfaiteme­nt. Il voudra tuer deux lièvres avec une seule balle : avec l’argent, il se fera réélire et, comme son père jadis, il cherchera à réduire encore l’autonomie du Québec.

Le remake d’un vieux vieux film…

Je prédis qu’ottawa utilisera la crise dans les CHSLD pour dire au

Québec : si vous voulez de l’argent, vous devrez dorénavant vous plier à telle et telle conditions.

 ??  ?? François Legault
François Legault
 ??  ?? Justin Trudeau
Justin Trudeau

Newspapers in French

Newspapers from Canada