Une crise qui fait réfléchir
Marie-ginette Guay devait monter sur les planches du Périscope, il y a quelques semaines, pour la dernière représentation de la pièce Tout inclus, qui aborde l’univers des résidences privées pour personnes âgées.
Évidemment, comme toutes les représentations de toutes les pièces de théâtre au Québec et ailleurs, celle-ci a dû être annulée en raison de la pandémie. « Mille et une pensées vont vers toutes ces personnes âgées qui peuplent notre récit, vers mes camarades et vers le public que nous finirons bien par rencontrer », écrivait la comédienne de Québec sur sa page Facebook, au début de mai.
D’habitude très occupée, Marie-ginette Guay a vu les projets dans lesquels elle était impliquée tomber les uns après les autres, depuis mars. Les engagements pour l’an prochain sont pour la plupart sur pause également. Seule une partie de l’enseignement au Conservatoire d’art dramatique de Québec a pu se maintenir, à distance.
Puis, bonne nouvelle, le tournage de Discussions avec mes parents pourra reprendre bientôt. On ne peut toutefois pas imaginer encore le jour où les salles de spectacles pourront rouvrir, ce qui l’inquiète beaucoup. « C’est l’incertitude totale », déplore-t-elle.
« Ce que ça met en évidence surtout, cette situation, c’est comment les vieux et cette partie de la vie est mise à l’écart de la société. »
SOLITUDE AMPLIFIÉE
Pour en revenir à Tout inclus, la comédienne, plongée dans leur monde à travers les rôles qu’elle occupe dans la pièce, a beaucoup réfléchi sur le sort réservé aux personnes aînées dans la dernière année. Elle y a d’autant plus songé depuis la pandémie, qui réduit les gens en résidence et en CHSLD à la solitude et à l’isolement.
« Ce que ça met en évidence surtout, cette situation, c’est comment les vieux et cette partie de la vie est mise à l’écart de la société. C’est comme une conséquence de ça. On peut comprendre les exigences sanitaires, et le fait que plus de gens peuvent être atteints du virus avec l’âge, mais ça met quand même en lumière cette séparation entre cette partie du monde active et l’autre qui n’est plus “productrice”. C’est cruel et je pense qu’il faut tous réfléchir là-dessus. »
Cette réflexion a d’ailleurs inspiré la pièce Tout inclus à François Grisé, dramaturge et comédien. Après avoir fait le choix, avec et pour ses parents, d’une résidence privée pour aînés, il s’est senti confronté.
Au cours des dernières semaines, il a reparlé à plusieurs personnes, dont la directrice, de la résidence Les Jardins du Patrimoine de Val-d’or. Il y a fait une immersion, en 2014 et 2015, en prévision de l’écriture de sa pièce.
« Tout le monde s’arrange, rapporte M. Grisé, mais ce que j’ai constaté, c’est qu’à divers degrés, c’est le manque de contacts qui fait le plus mal. La solitude s’est juste amplifiée. »
À propos de la situation des aînés pendant la crise, M. Grisé lâche sans détour : « Ça me surprend qu’on soit surpris. » Il espère qu’on pourra saisir l’occasion de repenser à d’autres options pour nos aînés, et estime qu’il s’agit à la fois d’une question de responsabilisation personnelle, sociale et systémique.
« J’ai de grands doutes, dit-il, mais j’espère qu’on pourra saisir l’occasion de repenser à d’autres options. »