Prix très décevants pour les pêcheurs de homards
L’année 2020 en sera une à oublier pour la rentabilité
Les pêcheurs de homards anticipent une saison difficile alors que le prix à la livre qui leur est versé n’a jamais été aussi bas depuis cinq ans. Certains envisagent même d’interrompre leur pêche pour éviter de récolter à perte.
Le prix de détail du homard ne reflète pas le prix qui est versé aux pêcheurs, même si la ressource est abondante et que la demande des consommateurs est au rendez-vous.
Alors que le prix du homard en épicerie peut atteindre 11,99 $ la livre ( voir tableau), le prix versé à quai aux pêcheurs de la Gaspésie ne représente que 5,01 $ la livre, soit le plus faible niveau depuis cinq ans.
« L’écart est grand compte tenu du fait que la marge bénéficiaire pour les pêcheurs n’est pas respectée. On travaille à zéro profit. Il y en a, dans la chaîne de valeur, qui profitent de la situation », déplore O’neil Cloutier, directeur général du Regroupement des pêcheurs professionnels du sud de la Gaspésie (RPPSG).
BAISSE DES PRIX
Les pêcheurs assistent à une descente des prix depuis l’ouverture de la saison, le 9 mai. Le prix à quai est passé de 6,40 $, la première semaine, à 5,01 $ la deuxième.
« On sait très bien que 2020 ne sera pas une bonne année et que ce sera difficile économiquement, malgré l’aide du gouvernement, qui ne pourra pas compenser tout ce que les pêcheurs vont probablement devoir absorber comme pertes financières », a affirmé Jean Côté, directeur scientifique du RPPSG.
La fermeture des restaurants, des casinos et des navires de croisières a un impact significatif, ajoute-t-il.
DÉCISIONS DIFFICILES
« Ça se fait sentir sur le marché. Le prix, on ne le contrôle pas. On peut juste prendre ce que les acheteurs nous donnent, mais on espère quand même avoir le meilleur prix possible », a indiqué au Journal Maxime Lelièvre, capitaine sur le Maxaulau09.
Les deux ou trois prochaines semaines seront décisives pour l’avenir de la saison.
« Il y a des pêcheurs qui ont parlé de retirer leur bateau de l’eau. C’est sûr que c’est une décision qui pourrait être prise ultimement », a poursuivi M. Côté.
Le capitaine Lelièvre préfère ne pas trop s’avancer sur cette possibilité pour le moment.
« Je pense qu’on n’est pas encore rendu là. On va voir au jour le jour. Si le prix continue de baisser, il va y avoir des décisions à prendre si ça vaut la peine d’aller en mer ou pas », a dit M. Lelièvre.