Le Journal de Quebec

Jusqu’à 70 % des élèves ont déserté les cours à l’éducation aux adultes

Certains établissem­ents voient leur nombre d’étudiants chuter

- DAPHNÉE DION-VIENS

Alors que les écoles secondaire­s et cégeps craignent une augmentati­on du décrochage scolaire, la pandémie frappe aussi de plein fouet l’éducation aux adultes, où la proportion d’élèves qui ont déserté leurs cours grimpe à 70 % dans certains centres de formation.

Au Centre La Cité, situé à Gatineau, il n’y a que 30 % des élèves qui suivent assidûment les cours en ligne et qui se rendent aux examens. Plusieurs sont retournés sur le marché du travail ou attendent le retour des cours en présence pour reprendre leur formation.

« À distance, plusieurs ont l’impression qu’ils ne peuvent pas réussir. On en a aussi qui sont tellement en difficulté qu’ils ont besoin d’accompagne­ment un à un », affirme son directeur, Jean Beauchamp.

À la Fédération québécoise de direction des établissem­ents d’enseigneme­nt, la vice-présidente Hélène Bossé indique qu’environ la moitié des élèves de l’éducation aux adultes ont déserté leur formation depuis la fermeture des centres à la mi-mars, d’après les informatio­ns recueillie­s auprès de plusieurs centres.

« La motivation diminue et l’abandon augmente de plus en plus, lance-t-elle. C’est une clientèle vulnérable, qui est en grand besoin, et malheureus­ement, le ministère de l’éducation ne la considère pas ainsi. »

« VRAIMENT DIFFICILE »

À la suite des dernières directives de Québec, des cours en ligne se sont mis en branle à partir de la fin avril dans les centres d’éducation aux adultes. Les examens en classe ont aussi repris. Mais plusieurs jeunes ne sont pas au rendez-vous, par manque de motivation ou faute d’avoir accès à un ordinateur à la maison.

Même ceux qui sont décidés à persévérer se demandent comment faire pour y arriver, dans les circonstan­ces.

« Depuis la mi-avril, la motivation a pas mal dégringolé. De ne pas avoir de cadre, d’horaire, je me suis rendu compte que c’était vraiment difficile. C’est comme si mes travaux s’étaient transformé­s en corvée », affirme Shany, une jeune femme de 24 ans qui étudie au Centre Odilon-gauthier, à Québec

Même si elle tente chaque jour de se plonger dans ses cahiers, ses études n’avancent pas aussi vite que prévu. La jeune femme devra reporter d’un an son entrée au cégep dans un programme de bureautiqu­e parce qu’elle n’aura pas terminé ses études secondaire­s au mois d’août, comme prévu.

« À DISTANCE, PLUSIEURS ONT L’IMPRESSION QU’ILS NE PEUVENT PAS RÉUSSIR » –Jean Beauchamp

ENFANT À LA MAISON

Même scénario pour Andréanne Clavet, qui devait aussi commencer une formation collégiale cet automne en administra­tion. Avec un enfant de quatre ans à la maison, la jeune femme ne peut pas consacrer autant de temps qu’avant à ses études.

Ces deux élèves n’espèrent qu’une chose : pouvoir retourner en classe l’automne prochain. « Même si c’est à temps partiel, je serai super contente », lance Shany.

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